Jean Noël : Révolution plastique
Une petite rétrospective consacrée à JEAN NOËL au Musée d’art de Joliette permet de tirer cet artiste d’un injuste oubli. Dans La Mécanique des fluides, le sculpteur travaille notamment sur la matière plastique.
Qui est Jean Noël? Né en 1940, cet artiste québécois est malheureusement devenu une figure un peu méconnue de notre histoire de l’art, éclipsé par d’imposants sculpteurs de sa génération comme Serge Tousignant, Ulysse Comtois ou Henry Saxe. Pourtant, depuis la seconde moitié des années 60, Noël a su développer un art original. Au Musée de Joliette, une petite rétrospective de son travail tente de remédier à cet oubli et de nous permettre d’évaluer sa production.
Dès l’entrée, le spectateur sera surpris. Voici une première salle dominée par le plastique: plexiglas, P.V.C., vinyle… Cette expo nous rappelle comment, à une certaine époque, cette matière a semblé révolutionnaire pour le monde des arts. Le plastique avait des qualités démocratiques défiant l’usage très bourgeois et très officiel du bronze ou du marbre. Ce matériau permettait entre autres un rapprochement avec la production industrielle de masse. Noël a exploité cette matière avec bonheur. Cette salle est d’ailleurs sous l’enseigne de la légèreté. Grosses bulles aux couleurs vives flottant sur les murs, structures modulaires gonflées reposant sur le sol: le tout évoque les ballons de fête (ou après celle-ci). J’ai particulièrement apprécié cette première partie qui nous remontre, à la suite de l’expo Déclics en 99 au Musée d’art contemporain, une époque finalement pas si bien connue de notre histoire, où les artistes aspiraient à autre chose qu’à faire carrière.
La deuxième salle est elle aussi parfaitement réussie dans son accrochage même si les oeuvres me semblent moins curieuses. Mais les pièces en apparence fragiles que Noël a réalisées depuis les années 80 prennent toute leur cohérence lorsqu’elles sont rassemblées. Seules ces dernières pourraient apparaître malingres. Elles devraient d’ailleurs ne pas être identifiées séparément, mais plutôt par groupes comme des constellations de petites étoiles formant malgré leur distance des ensembles visuels plus grands.
Une rétrospective justifiée, d’autant plus qu’il est important que nos institutions valorisent notre histoire. Si les Français et les Américains ont su développer une culture nationale forte, c’est en partie parce que leurs élites et leurs institutions ont su se passionner pour leur propre histoire.
Jusqu’au 23 février
Au Musée d’art de Joliette
Grandes miniatures
Je dois dire que dans la production de Michael Merrill, je préfère sans la moindre hésitation ses dessins à ses peintures. Il me semble que les premiers (dont on a pu voir des exemples au Centre Expression à Saint-Hyacinthe l’an dernier) ont un aspect décidé, comme pourrait l’être un travail au scalpel, alors que les secondes sont plus indécises. Ses vues déformées, que j’avais examinées récemment au Centre des arts visuels, me semblaient, pour plusieurs, manquer de solidité. Pourtant, les tout petits tableaux qu’il exhibe ces jours-ci chez Sylviane Poirier n’ont rien d’incertain. L’artiste donne à voir divers lieux du monde de l’art, galeries et musées, dont le Centre canadien d’architecture (CCA). Un des tableaux en particulier, montrant l’intervention de l’architecte montréalais Hal Ingberg dans la salle Sottsass du CCA, est particulièrement réussi. Une explosion de lumière. Merrill, qui a travaillé dans plusieurs de ces institutions – à divers postes techniques -, nous montre son circuit personnel, comme un portrait sociologique de l’artiste en travailleur de l’art.
Jusqu’au 8 février
À la Galerie Sylviane Poirier art contemporain