Jean-Claude Gagnon : L’abominable homme des lettres
L’Oil de poisson inaugurait récemment deux expositions. Dans la grande salle, une exposition des oeuvres d’Alexandre David avec des interventions aussi minimales qu’énigmatiques dont nous parlerons bientôt et, dans la petite galerie, une installation de JEAN-CLAUDE GAGNON.
Nous avons trop rarement l’occasion de voir le travail de Jean-Claude Gagnon. Une bonne partie de la production de cet artiste de la performance est par définition éphémère: il faut être là où ça se passe! Chaque fois, ses prestations aussi poétiques qu’anarchiques étonnent par la douce folie qui les sous-tend. Gagnon est un être d’une discrétion et d’une modestie désarmantes, un artiste qui prend son envol sur des scènes qui n’en sont pas. Devant les publics éclectiques de la performance, il est en pleine possession de ses moyens, partageant avec nous chaque fois sa vision de l’art et de la poésie. Un air d’harmonica, quelques pages de textes déchirées, des poèmes clamés pour ceux qui veulent entendre. L’Oil de poisson a invité Jean-Claude Gagnon, dont la dernière visite date de quelques décennies, à exposer dans sa petite galerie… Nous pouvons ainsi apprécier un autre volet de son oeuvre: celui de l’art postal, ses collages, ses dessins, un travail qu’il poursuit depuis une dizaine d’années. En effet, Jean-Claude Gagnon est un des instigateurs de l’art postal à Québec, auteur d’une chronique régulière sur ce sujet dans la revue Inter. Bref, il est un artiste impliqué dans la vie culturelle underground de la "kapitale" tel que le précise l’Oil de poisson.
Jean-Claude Gagnon présente dans la petite galerie ses derniers travaux de poésie visuelle et les récentes recherches qu’il a réalisées à l’aide d’un ordinateur. Il présente d’"abominables" oeuvres, des photos-souvenirs, des publications d’événements, une brosse à dents: "Il s’agit, écrit Jean-Claude Gagnon, de faire surgir une sorte d’atmosphère d’appartement d’artiste au statut précaire." Il a choisi d’une manière délibérément spontanée des images parmi sa production noir et blanc. Sélection faite à l’image du jet d’imprimante, alliant organisation et une certaine désinvolture: "L’esthétique est remplie par "le chocolat linguistique" contenu dans le texte et les images corrosives: en effet, mes oeuvres, après un certain temps, rouillent; il s’agit de les préserver, de les sauver avant qu’elles ne disparaissent." On ne s’étonnera pas de retrouver chez cet artiste, dont les oeuvres viennent tout juste d’être sélectionnées afin de faire partie d’une anthologie sur la poésie visuelle publiée en Italie ainsi que d’autres publiées à l’Université de Stalingrad, une oeuvre marginale, relevant du bricolage presque précieux, qui emprunte rarement les voix tracées de la tradition.
Jusqu’au 16 février
À la petite galerie de l’Oil de poisson
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Prix d’excellence des arts et de la culture
L’organisation des Prix d’excellence dévoilait récemment les nominations pour les différents Prix d’excellence des arts et de la culture dans la région de Québec, prix qui seront remis aux lauréats lors d’un gala le 27 janvier prochain. C’est sous le thème "Idées de génie" que seront réunis les artistes oeuvrant dans la grande région de Québec. Les Éditions Intervention (la revue Inter, Le Lieu et l’événement Rencontre internationale d’art performance de Québec) sont en nomination pour le Prix Ville de Québec, notamment pour avoir organisé l’événement LASCAS, un arte mexicano actual, et pour avoir publié Les Arts d’attitudes. Pour ceux et celles qui fréquentent le milieu des arts visuels à Québec, il ne fait aucun doute que l’implication du Lieu joue un rôle déterminant dans la vie culturelle d’ici. Les Éditions Intervention sont en nomination avec l’Opéra de Québec et le Théâtre du Trident.
On se réjouit aussi de voir en nomination, pour le Prix du rayonnement international, l’artiste Diane Landry pour ses expositions diffusées ici, aux États-Unis, au Mexique, en France, en Autriche et en Allemagne. En nomination pour les Prix Videre, deux prix attribués chaque année à deux artistes en arts visuels: pour le prix Reconnaissance, Lucie Lefebvre, pour son exposition de photographie Horizon aveugle en mars 2002 à la Galerie des arts visuels, et le sculpteur Jean-Pierre Morin pour Objets détournés chez Madeleine Lacerte. Enfin, en nomination pour le prix Événement, Giorgia Volpe pour son installation La Chute à l’Îlot Fleurie l’été dernier, Murielle Dupuis-Larose, pour l’installation vidéo Le Couloir à l’Oil de poisson, et le peintre Martin Bureau pour La Dérive des surfaces chez Lacerte. On vous en reparle bientôt.
Vernissage
À ne pas manquer, l’inauguration de l’exposition du duo torontois Carole Condé et Karl Beveridge avec Theatre of Operations ainsi que celle de Ho Tam, également de Toronto. Chez Vu, à compter de 20 h le vendredi 24 janvier.