Le Mois Multi : Carnaval techno
Oubliez les embouteillages sur le Net, les délires des nouvelles technologies de reproduction et autres pollutions génétiques, la rencontre de l’art et de la technologie s’avère le plus souvent subversive, corrosive, critique.
Le Mois Multi récidive pour sa quatrième édition en regroupant des artistes de plusieurs pays donnant de plus en plus un caractère international à l’événement. Quatre semaines pendant lesquelles alterneront des soirées de performances, de présentations d’oeuvres Web et des installations sonores et technos. Chapeautée par Recto-Verso, groupe actif dans le monde théâtral depuis sa création à Matane en 1984, cette édition a été concoctée avec plusieurs partenaires: Avatar, Studio XX, la Chambre blanche, Machines et Réseaux. À l’ordre du jour: de l’art technologique, ce nouvel art qui se conjugue avec les verbes "trans-coder, trans-former et trans-porter". L’événement, qui se déroule principalement dans les salles du complexe Méduse, devient de plus en plus indispensable à la scène des arts visuels de Québec. Il faudra être là le vendredi 31 janvier dès 17 h pour l’inauguration de deux installations. Une première, sonore interactive, au studio d’essai de Méduse: Spatial Sound (100 db at 100 km/h) a été réalisée par le duo hollandais Marnix de Nijs et Edwin van der Heide. Ce dernier a également conçu une installation de 40 haut-parleurs dans le studio d’Avatar. A World Beyond the Loudspeaker, c’est un mur du son, un "film pour les oreilles" qui sera aussi inauguré le 31 janvier. Suivra un mois de février qui offrira cette occasion exceptionnelle de prendre le pouls des productions d’art technologique. Un art qui n’a peut-être pas de prétentions salvatrices, mais qui pourrait bien nous éclairer aussi sur les nouveaux rapports de force entre technologie et humanité.
Activistes, explicitement féministes, Trans-Cités: oeuvres en réseau Québec-Montréal regroupe des oeuvres Web qu’on pourra voir le 7 février lors d’un 5 à 7 à la Salle Multi de Méduse. Des oeuvres du collectif Pomgrenade (Difficult Girl Productions) et de la Canadienne Pascale Malaterre, d’Agnes Trocchi d’Italie, d’Olga Goriunova de Russie-Finlande. La soirée se terminera avec une performance de Tagny Duff à 20 h 30. Fait notable, les oeuvres Web, en pleine effervescence dans l’art actuel, occupent une place importante pour cette édition du Mois Multi. Cet art qui participe, comme on l’explique dans le communiqué, à l’abolition des distances et de la "notion de lieu physique". Le 8 février, c’est aussi à une soirée d’art Web qu’on nous convie avec Trans-Fureter: oeuvres Web pour fureteurs. Une présentation suivie d’une performance de Lise Labrie, qui quittera sa banquise de la Chambre blanche pour entrer en contact avec un phoque émetteur vivant dans les eaux du fleuve… On attend aussi avec impatience l’oeuvre de Marc Bernier (un voyage interactif dans la ville de Mexico). Bernier est connu pour son travail auprès des artistes, notamment comme webmestre, mais c’est la première fois qu’il présente ses explorations artistiques. On en profitera aussi pour revoir les sympathiques jeux du Mexicain Arcangel Constantini, de passage à Québec cet automne à l’occasion de LASCAS; pour découvrir la dernière production de Murielle Dupuis-Larose, qui a marqué la dernière édition du Mois Multi avec Le Couloir; et, bien sûr, pour assister à l’évolution de l’énigmatique vente aux enchères du Français Emmanuel Barrault. Sans compter les pièces du collectif Erational, et celles de Jillian McDonald. Du 14 au 28 février, Steve Heimbecker s’installe dans le studio d’essai et sur les toits de Méduse… Également le 14 février, on pourra assister aux performances sonores Machines 08: Le Chemin des machines, qui nous transporteront vers des lieux inédits de Méduse. Battery Operated – qui était cet automne à la Chambre blanche – revient le 15 février avec une performance sonore et vidéo à la Salle Multi. Le mois se termine avec Isabelle Choinière les 21 et 22, qui revient au Mois Multi avec un spectacle de danse, La Démence des anges, où elle poursuit son travail où différents lieux et les danseurs sont liés par la technologie. Une autre édition pleine de promesses…
Bloc-notes
Theatre of Operations
On aimerait en dire plus long sur l’exposition des photographies du duo torontois Carole Condé et Karl Beveridge actuellement chez Vu. Dénonçant les effets néfastes des coupes budgétaires du gouvernement conservateur de Mike Harris dans les soins de santé en Ontario, la série de photographies questionne le soi-disant ordre naturel que véhiculent la publicité, la propagande et les images médiatiques soutenues par le système dominant. Avec un travail sur la représentation, où les acteurs jouent et posent, où la mise en scène des images est délibérément apparente, les artistes font voir les mécanismes de la construction des images; celui des idéologies aussi. Comme le rappelle Beveridge, montrer et reconnaître la construction, c’est aussi pouvoir la changer. Radical et nécessaire. Jusqu’au 16 février.