André Fournelle : Ouvre d’or
Le Lieu a invité ANDRÉ FOURNELLE à investir son espace. L’artiste a répondu en installant un grand carré doré traversé d’une croix de plomb. Sur la ligne de feu.
Au centre de la pièce, un fil de plomb en forme d’obus pointe le centre de la croix devenue pour un instant une cible, centre d’une cartographie imaginaire. C’est un tableau, une sculpture, une pièce assemblée avec une certaine économie de moyens donnant une forme épurée qui invite à l’introspection, à la contemplation. "La dorure, c’est toujours sacré, explique André Fournelle, l’utiliser au sol désacralise la matière." Fasciné par l’alchimie, l’artiste travaille souvent avec les quatre éléments, le feu, l’eau, la terre, l’air. "Le principe de l’alchimie, dit-il, c’est la transmutation du plomb en or." Ce sont d’ailleurs les deux matériaux évoqués ici. "Le plomb absorbe la lumière alors que l’or la reflète", poursuit André Fournelle, qui est fasciné par la fonderie (il a créé la Fonderie expérimentale). Le fil de plomb suspendu au centre de sa sculpture, c’est d’ailleurs lui qui l’a minutieusement confectionné: "Le plomb est démocratique par son coût et parce que tout le monde peut l’utiliser, le manipuler, le travailler." Depuis 25 ans, on retrouve un motif récurent dans le travail d’André Fournelle, celui de la croix ou du X. Ce sont parfois des croix de feu, de néon, de métal, de pigments, de bois; parfois des tranchées en forme de croix. Elles symbolisent tantôt le refus, tantôt une interdiction. "L’utilisation de la croix n’est pas un acte de foi, explique l’artiste, ni une obligation. Quand je pense à quelque chose, le X se rajoute toujours." Comme le disait Pierre Restany dans un documentaire sur Fournelle: "Cela n’a ni vertu positive ni vertu négative, sa croix, c’est sa signature!"
Avec un titre comme Le marché de l’art est très vulnérable, André Fournelle continue de provoquer, comme il l’avait fait en 1980 avec la manoeuvre Intersexion. La performance collective consistait à tracer un X de peinture jaune au centre-ville de Montréal. Le sympathique film Splash, de Claude Laflamme et Georges Léonard (1981), suivra le trajet de la couleur se répandant sur l’intersection et témoignera joyeusement de ce "balai urbain". Depuis 20 ans, la dimension rituelle de la réalisation de l’oeuvre est déterminante et sa réalisation n’est jamais laissée au hasard. À cet égard, André Fournelle ne cache pas ses affinités avec le travail d’Yves Klein (1928-1962), chez qui l’alchimie et l’idée du rituel étaient centrales: "J’ai l’impression d’être le fils d’Yves Klein…" On pourrait ajouter qu’à l’instar de Klein, les qualités plastiques de ses oeuvres sont déterminantes, le travail sur la couleur et le choix des matériaux aussi. Nos facultés d’appréciation esthétiques sont ainsi convoquées dans l’oeuvre installée au Lieu, troisième présence d’André Fournelle à Québec. Dans les années 1970, Fournelle a exposé au Musée du Québec et plus récemment à la Maison Hamel-Bruneau. Il travaille souvent à Paris et a séjourné au Studio du Québec, où il a réalisé, en 1999, Lumière et Silence, une ligne de feu brûlant le long de la Passerelle des Arts. Il a fait plusieurs oeuvres d’intégration à l’architecture, dont une oeuvre récente à Jonquière et une autre qui débutera en mai à la Vieille Pulperie de Chicoutimi – récemment devenue musée -, où son oeuvre d’intégration côtoiera la maison d’Arthur Villeneuve. Le travail d’André Fournelle transcende la déchirure première de l’enfant exilé d’Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale et s’incarne dans une oeuvre riche et profonde dont la portée a des résonances universelles.
Jusqu’au 20 avril
Au Lieu
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Expo d’colle 2
Il faut voir cette exposition collective chez Rouje! Huit artistes – et non les moindres – se sont laissés tenter par le collage. Une visite impromptue à l’atelier de Cooke-Sasseville nous a permis de voir une des pièces maintenant installées chez Rouje. Le duo a pris le thème au pied de la lettre et a construit une pièce cinétique racontant l’histoire d’un gars et d’une fille (incarnés dans une Barbie et un Ken) s’enfuyant dans un champ de fleurs de plastique après avoir tenté de voler un pot de colle… Adam et Ève tentent en vain de s’enfuir pendant que gisent deux oursons gavés de miel. On n’en dit pas plus, mais ne serait-ce que pour ce collage, il faut faire un saut à la galerie Rouje. Eugénie Cliche, Jean Gagné, Alan Lake, Isabelle Laverdière, Julie Milville, Catherine Plaisance et Denis Thibault. Jusqu’au 6 avril.
Cellules-Vous êtes ici
Folie/Culture et les Gros Becs se sont associés et ont réalisé, avec quelque 700 étudiants d’écoles secondaires, une courtepointe faite d’autant de pièces. C’est l’artiste Christine St-Maur qui a dirigé les opérations dont nous pourrons apprécier les résultats lors du vernissage, le vendredi 28 mars à 17 h au Théâtre de la rue Saint-Jean.