Janieta Eyre : Femmes au bord de la crise de nerfs
Arts visuels

Janieta Eyre : Femmes au bord de la crise de nerfs

Je dois dire mon malaise devant les images de l’artiste torontoise Janieta Eyre. Au cours des dernières années, j’ai apprécié ses photos très bien construites (souvent selon une mosaïque en noir et blanc), organisées avec grande précision. C’était à la fois digne du Bauhaus, dans la justesse de la composition, et de l’univers surréaliste dans les sujets (corps déformés, images sortant d’un rêve…)

Je dois dire mon malaise devant les images de l’artiste torontoise Janieta Eyre. Au cours des dernières années, j’ai apprécié ses photos très bien construites (souvent selon une mosaïque en noir et blanc), organisées avec grande précision. C’était à la fois digne du Bauhaus, dans la justesse de la composition, et de l’univers surréaliste dans les sujets (corps déformés, images sortant d’un rêve…)

Ces jours-ci, le monde visuel que Eyre affiche à la Galerie Dazibao me semble un peu trop jouer – et d’une façon parfois facile – avec l’étrangeté. Cela est particulièrement vrai dans sa vidéo Natural History Museum. Le visiteur y verra des "jumelles taxidermistes enceintes". Cela est proche des effets des films d’horreur. Ses photos me semblent mieux résister à un univers gore adolescent et conservent plus cet équilibre entre monde onirique et composition moderniste.

La série intitulée Motherhood ne donne pas à voir une vision édulcorée de l’enfantement. Les femmes ont l’air de vivre cet événement d’une manière plus troublante que ce que l’image populaire illustre habituellement. Cette femme aux trois paires de seins dit être un corps féminin ramené à n’être qu’une machine à lait ou qu’une figure de la fertilité… Dans les images de Eyre, les bébés deviennent aussi des petits monstres (ici un cochonnet à la peau rose et plissée), sortes d’aliens sortis avec fracas du ventre de leur mère après césarienne, forceps ou incision du périnée…

Jusqu’au 5 avril
À la Galerie Dazibao

Betty Goodwin
Ainsi donc l’artiste montréalaise Betty Goodwin est l’une des récipiendaires du Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques. Elle est parmi les 6 artistes qui, le 17 mars dernier, ont reçu une somme de 15 000 dollars pour avoir créé une oeuvre exceptionnelle… Certains trouveront peut-être que c’est une belle somme. D’autres diront que la robe de la Gouverneure valait presque autant que le prix qu’elle remettait…

Profitons de cet événement pour revoir l’oeuvre de Goodwin. Le Musée d’art contemporain en propose une belle mini-rétrospective qui pourrait être une leçon pour la dernière biennale de Montréal qui avait tenté l’expérience et l’avait ratée.

Jusqu’au 27 avril
Au Musée d’art contemporain

Derniers échos du FIFA
En guise de bilan du Festival international des films sur l’art, deux souvenirs marquants.

Dans le film sur la photo-reporter Denise Bellon, j’ai entendu une de ces phrases qui décape. À propos d’un portrait de Duchamp, le narrateur dit – je cite de mémoire – : "Voilà celui qui a voulu dénoncer la vanité de l’art et qui sert maintenant de caution à l’art de la vanité." Belle manière de parler d’artistes (comme Jeff Koons) qui exposent plus leur narcissisme et celui de leurs clients que des oeuvres…

Parlant de snobisme, citons le film sur Piero Manzoni. Le refus de certains collectionneurs de ces boîtes de Merde d’artiste à accepter la réalité de leur contenu était ravissant à voir. Manzoni, qui aurait dit vouloir que ces boîtes de merde explosent au visage des bourgeois, aurait été content de voir que plusieurs d’entre elles se mettent à fuir dans les musées ou chez les riches collectionneurs. Une boîte avec moins de merde vaut-elle autant qu’une boîte bien remplie?