Hugues Dugas : Devant l’image
Faite de sons familiers et d’images captées de manière furtive dans son appartement, l’installation vidéo de HUGUES DUGAS à la Chambre blanche célèbre les formes et les couleurs.
Rarement les installations vidéo explorent ce registre de l’image pour en faire voir tout le potentiel plastique et esthétique. Rarement aussi elles sont si peu hermétiques, ne s’égarant ni dans les spéculations abstraites, ni dans l’opacité technologique. Ici, on ne cherche pas le sens, on le trouve! La bande vidéo de Dugas réfère avec une poésie particulière à des lieux partagés. "Je me suis fait un sang d’encre pour toi…": on entend au vol un extrait d’une chanson de Jean Leloup. C’est la musique ambiante de l’appartement au moment de la prise de vue. Un chat, une table, des pans de l’espace privé balaient les murs. "Dans une image filmée, il y a souvent beaucoup d’information; je n’y apporte rien, je la déconstruis." Cet univers intime n’est donc pas trop appuyé, ni trop évident: "On peut faire des associations, mais on n’est jamais trop sûr…" précise encore Dugas. On est devant cette installation comme devant de la bonne peinture: ému par la couleur et par la forme. On peut aussi en faire partie, et notre image, captée à son tour, est projetée et prolonge celles déjà réalisées par l’artiste. Le spectateur apparaît ainsi au coeur de l’oeuvre.
Le procédé semble des plus simples, et pourtant! "Les étapes pour arriver à ça, explique Hugues Dugas, ont été longues…" Depuis trois ans, il développe un dispositif de projection de l’image vidéo où de grands panneaux de miroirs courbes reflètent et prolongent les images sur les murs pour en faire de grandes fresques en mouvement. D’abord picturale, la pratique artistique de Dugas s’élabore autour des effets de transparence et de reflets; elle trouve aujourd’hui un écho dans cette approche de la vidéo. Lauréat de la bourse Duchamp-Villon en 2000, Dugas participait au dernier Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul – dont l’installation vidéo témoignait de l’ouverture de l’événement aux productions autres que strictement picturales. Détenteur d’une maîtrise réalisée sous la direction de Richard Mill à l’Université Laval, l’artiste montréalais a également résidé à Saint-Jean-Port-Joli à l’été 2000. Cette installation de Dugas s’inscrit dans la deuxième présentation de la Manif d’art de Québec qui débute le 1er mai prochain. D’ici là, Dugas poursuit sa résidence, pendant laquelle le public est invité à le rencontrer.
Jusqu’au 31 mai
À la Chambre blanche
Voir calendrier Arts visuels
Bloc-notes
Suspense
Quelques jours encore pour voir une très belle exposition à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval. La conservatrice de l’art actuel et de la collection Prêt d’oeuvres d’art du Musée national des beaux-arts du Québec, Anne-Marie Ninacs, a rassemblé des propositions qui ont en commun d’utiliser la répétition, des oeuvres où la tautologie vient "générer de l’étrangeté". On retient en particulier celle de Nathalie Grimard dont le titre, Poser 200 000 épingles pour dormir en toute quiétude, en dit long sur l’oeuvre. L’artiste a littéralement doublé les motifs d’un sommier de millier d’aiguilles. On peut y voir également des pièces de Michel de Broin, une projection vidéo de Pascal Grandmaison (dont la présentation n’est toutefois pas idéale), des pièces de Michael Merrill, de BGL et de Francine Savard. Jusqu’au 27 avril.
Sept Vases antiques et l’oeuvre d’André Biéler
L’importance des objets d’art, traces de la culture et de l’identité, ne semble pas une évidence pour tout le monde. Au Musée national des beaux-arts du Québec, cela ne fait pas de doute. Autre preuve de l’éventail des intérêts du Musée, on y présente depuis peu Sept Vases antiques, provenant de la collection Diniacopoulos datant de 400 av. J.-C. Immigré en 1950 au Québec, le couple Diniacopoulos a transporté sa collection d’art ancien, dont quelques pièces ont été acquises ensuite par le Musée. On peut les voir dans la volée menant au deuxième étage du pavillon Gérard-Morisset. Le Musée présente aussi une exposition d’André Biéler (1869-1989), artiste d’origine suisse immigré au Québec. Quelque 60 oeuvres du dessinateur et graveur, dont les représentations pittoresques dépeignent des scènes de la vie quotidienne, sont présentées jusqu’au 17 août prochain.
À la Galerie Rouje
Deux jeunes peintres méritent un détour par la rue Saint-Joseph: Amélie Roy-Langlois et Isabelle Carrier proposent des tableaux, collages et dessins qui se démarquent. À voir, jusqu’au 27 avril.
Erratum
Toutes nos excuses à Anne-Claire Pilote dont nous avons confondu le nom, il y a quelques semaines, avec Marie-Lise Pilote! Anne-Claire Pilote est responsable des Ateliers de la mezzanine au Complexe Méduse où se déroule tous les premiers jeudis de chaque mois l’inauguration de nouvelles expositions présentant la production des participants.