Bill Vazan : Un compas dans l'oeil…
Arts visuels

Bill Vazan : Un compas dans l’oeil…

… Soyez sans crainte, ça ne lui fait pas mal. Bien au contraire, ça lui va même plutôt bien.

Artiste conceptuel, plus particulièrement de Land art, Bill Vazan utilisa d’abord la photographie pour documenter ses oeuvres immenses, à ciel ouvert. Aujourd’hui, il l’utilise comme l’un des principaux médiums de sa pratique, livrant ici Ombres cosmologiques, une production récente comprise entre 2000 et 2001, plutôt fructueuse… Et c’est vraiment le moins qu’on puisse dire. Mise à part sa pratique photographique, l’artiste dessine, peint et sculpte. De toutes manières, les oeuvres de Land art, comme Extremists Attack?! (Eye of Horus), ne sont-ils pas des dessins à l’échelle grandiose du paysage? Et, question d’avoir un aperçu à plus long terme de la pratique de l’artiste, au Musée des beaux-arts du Canada, section art contemporain, se trouve justement un magnifique dessin daté des années 70.

C’est dans un mariage entre spiritualité, cosmologie, science et imagination que l’artiste crée ses mondes à la fois étrange et auto-cohérent. Offrant toujours une vision impossible du point de vu humain, le travail de l’artiste nous transporte tantôt en Égypte, tantôt dans quelques coins du Québec, et enfin, quelque part entre les deux. Ainsi s’installent des rapports de forces entre nature et culture, entre ciel et terre, entre infiniment petit et infiniment grand, entre une terre d’eau, l’autre de sable, entre culture et culture et ainsi de suite. Près de la nature, l’artiste la contemple, sachant que rien n’est permanent. Choisissant des lieux témoignant de la présence humaine, dont les activités sont dépendantes d’elle, l’artiste regarde les multiples façons qu’utilise l’homme afin d’apprivoiser son environnement. Et, pour mieux rêver, Vazan déconstruit et reconstruit le tout, d’un regard savamment calculateur.

Mais, revenons au début, au moment même où on aperçoit le travail… La démesure des dimensions et du nombre frappe, nous saisie de stupeur. L’immensité des oeuvres implique des rapports d’échelles, tant physique, que sur le plan conceptuel dont témoigne le paragraphe précédent. Pratiquement toujours composée de plusieurs fragments photographiés séparément, l’image d’ensemble comporte une structure quadrillée, évoquant la science, du moins une tentative d’établir un certain ordre dans le chaos. Les titres de ses oeuvres font partie du lexique scientifique relié à la physique tels ovales, globes, membranes, grilles, quadrant, etc. Dans Sphère visuelle: Double Spirale, au Musée des beaux-arts du Canada, l’artiste photographie, comme dans certaines autres oeuvres, en tournant sur lui-même, du sol jusqu’au ciel pour redescendre ensuite à ses pieds, rappelant l’ADN. De cette manière, le spectateur prend conscience de l’existence de la troisième dimension d’un paysage réel, encore mieux que sur les écrans d’IMAX, à partir d’images deux dimensions. En ce sens, il y a à la fois quelque chose d’absolument génial et aussi de narcissique, car ces oeuvres tournent autour de l’artiste, tout autant que le spectateur, comme dans l’exemple parfait d’Ovale, réalisé aux Chutes Montmorency à Beauport.

Enfin, l’oeuvre de Bill Vazan ouvre l’imaginaire de quiconque lui prête son regard, le remplis de possibilités nouvelles.

Jusqu’au 7 septembre
Au Musée canadien de la photographie contemporaine
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