Périphéries. Art actuel de Croatie et de Bosnie-Herzégovine : Guerre et paix
Avec Périphéries, la Chambre blanche et le Lieu s’aventurent hors des circuits habituels d’échanges. Une invitation à découvrir des artistes de Zagreb et de Sarajevo.
Périphéries
présente principalement le travail de quatre femmes d’ex-Yougoslavie. À la Chambre blanche, Tanja Dabo propose deux installations vidéo relatant des actions réalisées respectivement en Croatie et en Allemagne. Des actions pendant lesquelles elle a ciré les parquets, respectivement ceux d’un musée croate et ceux des entrées de différentes institutions artistiques berlinoises: "Une partie de mon travail est basé sur le cirage", explique-t-elle, nous laissant d’abord… interdite. Acte d’humilité, de purification? Plutôt une façon d’entrer en communication avec les gens. Des actions où le public n’est pas officiellement convié et que la vidéo vient documenter. Le caractère sobre et fonctionnel des documents n’en exclut pas une certaine appréciation formelle. Il s’agit d’un travail conceptuel "qui est souvent, comme le précise l’artiste, une réaction à une situation donnée". Par ces actions, Tanja Dabo s’intéresse au travail de l’artiste et aux tâches attribuées traditionnellement aux femmes: commentaire sur l’art, dans la dimension manuelle du travail artistique, sur ses institutions et ses lieux de diffusion. Un travail subtil et pourtant incisif. Ce n’est pas étonnant que Tanja Dabo ait remporté plusieurs prix et distinctions depuis 1998. Mais cette production ne se donne pas d’emblée, d’un seul coup d’oeil. Il faut du temps pour envisager la portée d’un acte qui n’a rien a priori d’artistique, ce geste banal que l’artiste vient transfigurer.
En plus des installations de Tanja Dabo, la Chambre blanche accueille Kseniha Turcic, qui présente Mistress, installation interactive où on peut dialoguer avec l’artiste installée dans ses appartements avec quelque 80 répliques en banque. Si le programme ne fait pas des siennes, la magie risque d’opérer. Également invitée à la Chambre blanche, Andreja Kuluncic, artiste qui a participé à la Documenta 11 de l’été 2002. Kuluncic présente deux oeuvres Web. Il est question de génétique dans Closed Reality-Embryo (http://embryo.inet.hr), où les utilisateurs sont invités à créer leur embryon idéal. L’artiste traite de justice avec le projet (www.distributive-justice.com) présenté à Kassel. Au Lieu, on pourra assister à une performance attendue de Vlasta Delimar, I Am Looking for a Woman. Depuis plusieurs décennies, l’artiste croate brave et défie tabous, autorités et conventions. Son curriculum vitæ de performances laisse présager une soirée haute en couleur. Vlasta Delimar sera au Lieu le jeudi 12 juin à 20 h, soirée pendant laquelle on pourra également voir War Generation Video From Sarajevo, sélection d’Enes Zlatar, du Sarajevo Centre for Contemporary Art. Si la première soirée de vidéos présentée le 4 juin et regroupant des productions de Zagreb s’est avérée inégale, on nous promet plusieurs belles découvertes pour cette sélection d’oeuvres de Sarajevo.
Cet événement permet surtout de s’initier à un tout nouveau pan de l’art actuel de l’ex-Yougolavie. C’est d’ailleurs lors d’un séjour d’une artiste de Zagreb , Kristina Leko, en visite à la Chambre blanche lors de la seconde édition des Rencontres internationales en arts visuels en 2000, que l’idée d’un échange entre le Québec et l’ex-Yougoslavie s’est élaborée. L’automne dernier, huit artistes de Québec s’envolaient vers Zagreb. Des performances d’Henri-Louis Chalem, Christian Messier, Julie-André T. et Richard Martel, des installations de Patrick Altman, James Partaik, Caroline Gagné et Joanne Tremblay, ainsi qu’une programmation de vidéos sélectionnées par Yves Doyon y ont été présentées. La seconde partie de l’échange est pour le public du Québec une occasion exceptionnelle de découvrir l’art contemporain de Zagreb et Sarajevo. Un art face auquel on pourrait chercher autant les points communs que les différences. Certes, le ton demeure en général peut-être plus grave chez les artistes d’ex-Yougoslavie (surtout dans les oeuvres réalisées autour des années 1995, pendant et après la guerre). Mais c’est aussi et surtout à la découverte d’oeuvres fortes, on pense notamment à celles de Tanja Dabo, que nous sommes conviés.
Jusqu’au 15 juin
À la Chambre blanche et au Lieu
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Bloc-notes
Paule Genest "Les carillons de lumière"
Tout le monde est ravi de l’exposition que présente Paule Genest chez Rouje dans le cadre de son projet de maîtrise en art visuel à l’Université Laval; enchanté par les multiples couleurs, toutes ces zones d’abstraction que l’oeil convoite; emporté par l’efficacité de la gestuelle qui se déploie sur quatre grandes mosaïques de papier noir aussi monumentales que fragiles. L’amateur d’art désintéressé y boira comme à une source régénératrice. Jusqu’au 22 juin.
Monstres et Merveilles
Également chez Rouje, on peut voir le sympathique ensemble de sculptures de Jacques Samson, des excroissances tricotées et suspendues dans l’espace ainsi que les jeux à colorier et autres témoins de l’univers ludique de Paul Bordeleau, notre caricaturiste préféré… Monstres et Merveilles, jusqu’au 22 juin.
Artère
Deux mots sur l’exposition collective des finissants à l’École des métiers d’art. Une belle occasion de flâner dans ce bel espace où quelques pièces ressortent du lot, notamment les fauteuils d’Alexie Lepage, dont on entendra sûrement parler bientôt… Jusqu’au 17 juin.