Ravaudage urbain : Quand l'art pousse comme de l'herbe
Arts visuels

Ravaudage urbain : Quand l’art pousse comme de l’herbe

Deuxième événement d’une trilogie, AXENÉO7 présente Ravaudage urbain, exploitant une fois de plus le potentiel qu’offrent les alentours de La Filature ainsi que le Ruisseau de la Brasserie.

Invités à réfléchir sur la notion de terrain vague en termes de ravaudage, tant physique que conceptuel, sept projets parsèmeront tout l’été le paysage autour et avoisinant le bâtiment – lieux en état de délabrement et en processus de revitalisation – et les espaces de galeries. Sortis du vase clos, certains artistes ont su dérouter le paysage (et sûrement quelques passants ou habitants), infiltrer cette trame sociale, complexe, en mouvance quotidienne et constante, tout comme certains autres ont su ramener quelques éléments de cette même trame à l’intérieur du centre. Le terrain vague implique aussi un rapport à l’identité, c’est-à-dire celle qui doit ici être reconstruit par et à l’image de ses occupants. L’aspect transitoire du lieu, hétérogène aussi, avec ses éléments disparates cohabitant les uns à côté des autres, comme dans la division entre riche et pauvre, devient champ libre et surtout fertile pour le créateur ouvert à la possibilité de sens nouveaux.

Empreinte d’Uta Riccius fait (re)surgir du terrain, devant la vitrine de la rue Front, des objets insolites, rappelant l’artéfact ou encore des montagnes à échelle réduite, fabriqués à partir de résidus de produits de consommation, des emballages coques, généralement destinés à la poubelle. Placé en lignes droites de manière à former une grille, l’ensemble rappelle une cartographie d’éléments codés et symboliques, amenant une réflexion critique sur les plans écologique, social, de consommation, de modes de gestion, etc. De par la vitrine, cette installation évoque le commerce, et de surcroît implique la possibilité d’acquisition… À l’intérieur, sur le mur de la salle d’exposition, une inscription protocolaire nous indique le mode d’emploi de l’oeuvre: […] 1. Choisissez […] 2. Repérez le # du terrain […] 3. Réservez […] 4. Revenez le 26 août pour réclamer […]. Et c’est aussi simple que ça. Déjà, le grand livre des coordonnées des acquisiteurs forme la toile d’une communauté plutôt prenante et bien chanceuse de pouvoir ramener à la maison une part de cette oeuvre singulière. À votre place, je courrais chercher un terrain gratuit, peut-être plus, gratuitement…

Surfaces de réparation de Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne est un collage, un échantillonnage d’éléments sonores et hétéroclites, réagissant à la trajectoire empruntée par le spectateur volontaire. Ayant recours à de l’équipement technologique de contrôle et de perception, comme un baladeur radio par exemple, cette oeuvre nous convie dans l’expérience intime où l’ordre des choses nous amène inévitablement dans le chaos.

Paysage d’un sac blanc de Marie-Christine Landry, poétique et minimale, utilise la représentation d’un simple objet, le sac, pour engendrer un va-et-vient entre le caractère poétique de l’oeuvre et celui plus terre-à-terre, évoquant les rebus, la pollution… Ainsi, l’artiste a su apporter un élément banal à l’état de sublime.

Enfin, Ravaudage urbain envahit les zones grises, les habitent, afin que le paysage se réactive à nouveau, autrement.

Tout l’été
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