Au temps de Watteau, Chardin et Fragonard : Chefs-d'oeuvre de la peinture de genre
Arts visuels

Au temps de Watteau, Chardin et Fragonard : Chefs-d’oeuvre de la peinture de genre

Cet été, le Musée des beaux-arts du Canada (MABC) offre une des rares occasions de voir, au Canada, une rétrospective des oeuvres de la peinture de genre. Au temps de Watteau, Chardin et Fragonard: Chefs-d’oeuvre de la peinture de genre en France réunit une centaine de tableaux de 25 artistes du XVIIe siècle.

Parmi les oeuvres présentes, nous devons noter celles de Jean-Antoine Watteau (1684-1721), Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779), Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), François Boucher (1703-1770), Louis-Léopold Boilly (1761-1845) et Jean-Baptiste Greuze (1725-1805). Ces oeuvres sont représentatives de la diversité des sujets compris dans la peinture de genre, contrairement à l’idée générale qui qualifie cette peinture de simples scènes domestiques à la manière des peintres hollandais du XVIIIe siècle.

La terminologie employée, "peinture de genre", n’est apparue qu’après une longue liste de désignations employées telles que "peintre dans le talent particulier des fêtes galantes", "peintre dans le genre des figures vêtues à la moderne" ou "peintre de bambochades (marionnettes laides)". Mais la liste est bien plus longue: chacune des nouvelles désignations devait s’accorder avec des sujets inusités pour les arts de l’époque.

Le terme peintre (ou peinture) de genre a fini par désigner ce qui n’était pas prescrit par la hiérarchie des catégories de peinture (des genres) par "l’Académie royale de peinture et de sculpture", c’est-à-dire la peinture d’histoire, le portrait, le paysage, la nature morte, etc.. En se fiant à la réaction de la critique et de l’Institution à l’époque, dès l’apparition de ces tableaux au XVIIIe siècle, nous savons qu’ils ont été reçus avec beaucoup d’ambivalence à cause de leurs sujets souvent équivoques.

Si la peinture de genre était considérée comme une catégorie mineure par l’Académie, elle bénéficiait par contre d’un vif intérêt de la part des gens de la haute société. Les notables, aux moeurs plus émancipées, commandaient des tableaux pour leur exclusivité montrant des scènes osées et même érotiques à l’époque dans certains tableaux, en particulier dans ceux de Boucher, Watteau et Fragonard.

Il existait également une attitude plus frivole dans les poses du corps. Les compositions de fêtes et de jeux, un autre sujet caractéristique de la peinture de genre, ont fortement été influencées par la Commedia dell’arte. La frivolité, les déguisements et le clown s’inscrivaient dans le registre des sujets en peinture.

Mais nous connaissons surtout la peinture de genre pour un tout autre répertoire, d’autres sujets situés complètement à l’opposé de l’érotisme, des fêtes et des jeux: les scènes de la vie domestique, que Denis Diderot (1713-1784) appelait "la peinture morale", ont fait la gloire de Greuze. Diderot y voyait la justesse de l’expression et l’unité du tableau qui élevaient la senbibilité des spectateurs.

Une chose lie toutes ces oeuvres : c’est l’affirmation des goûts de la bourgeoisie, qui tramait, bien entendu, le climat socio-politique de la révolution de 1789. Bref, il faut profiter de l’exposition au MBAC pour bien apprécier ces oeuvres.

Jusqu’au 7 septembre
Au Musée des beaux-arts du Canada
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