Isabelle Laverdière : Résidence principale
Arts visuels

Isabelle Laverdière : Résidence principale

L’Atelier studio de Montréal du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) accueille ISABELLE LAVERDIÈRE. Pendant six mois, l’artiste se consacrera totalement à son art.  Rencontre.

"Mon projet en est un de dessin. Pour l’instant, je mets la sculpture de côté. Je veux aller dans une nouvelle direction. Je veux que ce soit léger, au propre comme au figuré!" S’il est juste que la sculpture, qu’il faut notamment transporter et entreposer, peut devenir parfois "envahissante", le dessin, quant à lui, se prête davantage à un mode de vie plus… nomade, au travail dans différents lieux, approprié parfaitement à la production en résidence: "On peut difficilement parler de quelque chose qui n’est pas commencé, mais j’aimerais lier le dessin à l’écriture, peut-être collaborer avec d’autres artistes. En faire un livre… Je commence! Je vais cogiter tout ça!" Un projet de dessins et de vidéo occuperont celle qui débarque tout juste d’un séjour en Suède. Isabelle Laverdière revient avec en poche un carnet de voyage qui donne une petite idée de l’esprit dans lequel elle travaille depuis quelques années. Elle a non pas croqué les paysages ou l’architecture suédois, mais a plutôt réalisé des dessins d’étiquettes de savon, de bière ou de pop sicle… "C’est une autre manière de regarder un pays!" explique-t-elle.

Relevant d’une certaine économie de moyens, son travail réfère souvent à une iconographie schématisée, populaire, parfois enfantine; les matériaux hors normes en côtoient de plus conventionnels. Comme les papiers, cartons et pastels doublés de sucre d’orge, paille et chocolat constituant les oeuvres présentées lors de l’exposition On vous rendra visite chez Expression à Sainte-Hyacinthe (un superbe lieu où on pourra d’ailleurs voir dès le 29 août une installation du fameux performeur de la côte ouest américaine, Paul McCarthy). Le travail d’Isabelle Laverdière embrasse ainsi différents procédés tels le moulage, la céramique, la cuisson, le bricolage. Que ce soit une petite souris rose façonnée dans une pâte Fimo trônant sur des tas de maïs ou des poules de papier suspendues, le tout est confectionné avec beaucoup d’attention, de précision et non sans un certain humour. Tel que l’écrivait Claude-Maurice Gagnon dans la publication accompagnant l’exposition, il s’agit d’une "actualisation ludique de l’objet d’art qui a perdu ici tout effet d’aura moderniste […]".

Le CALQ offre plusieurs studios aux artistes, dont trois studios nationaux destinés aux arts visuels ainsi qu’aux arts de la scène, à la musique et à la littérature, à Paris, New York et Rome. L’Atelier studio de Montréal, réservé aux artistes d’ici, existe depuis 1993. Comme le précisait Francine Royer, responsable du programme au CALQ: "Ces séjours de création et de ressourcement permettent aux artistes de changer de milieu, de changer de ville. La bourse qui accompagne le séjour permet aussi aux artistes de se libérer des boulots alimentaires. Ils ont une totale liberté." Une liberté qu’Isabelle Laverdière apprécie: "C’est à mon tour de me servir du buffet!" dit-elle. Installé angle Saint-Denis et Sherbrooke, l’Atelier studio lui permettra de travailler à son rythme: "Je ne suis pas du genre à travailler une heure par soir. C’est tout ou rien. Je plonge totalement dans mon travail." Si le séjour de six mois n’impose aucune exposition, on pourra tout de même apprécier bientôt sa production récente: en 2004 à Montréal chez Circa ainsi qu’à la Chambre blanche à l’occasion du 25e anniversaire du centre d’artistes.

Bloc-notes
Monique Pourtalès à la Villa Bagatelle
Dans les tableaux, les estampes ou les collages de Monique Pourtalès, les formes apparaissent comme une écriture; les lettres sont envisagées pour leur qualité graphique. Depuis plus de 10 ans, elle poursuit une recherche des plus respectables autour du lettrisme, à la source de son travail plastique, dont témoigne une longue feuille de route: de nombreuses participations à des expositions collectives et solos. L’exposition occupe les deux étages du cottage construit en 1849. Même si certains tableaux obstruent malencontreusement les fenêtres donnant sur le beau jardin, cette exposition substantielle a le mérite de faire le point sur le travail des dernières années de l’artiste chez qui le ton demeure grave et solennel. On peut faire des visites guidées de la maison et des jardins. À voir également une petite exposition collective: Allard, Brière, Ousset. Jusqu’au 24 août.

Laliberté à Kamouraska
Le Musée national des beaux-arts du Québec propose, en collaboration avec l’Ancien Palais de justice de Kamouraska, l’exposition Alfred Laliberté ou La volonté de conserver… jusqu’au geste. Auteur d’oeuvres monumentales et d’oeuvres à l’Hôtel du Parlement de Québec, Alfred Laliberté s’est consacré au bronze de 1928 à 1932. L’exposition regroupe une douzaine de sculptures donnant la vision de l’artiste sur le travail du bois, "du bûcheron, du plumeur d’écorce de pruches, du faiseur de rouets". À voir, jusqu’au 7 septembre 2003.