Cuba-Canada: Fusion : Mariage de raison
Arts visuels

Cuba-Canada: Fusion : Mariage de raison

La galerie de l’Alliance française d’Ottawa, en coopération avec le Centre d’exposition l’Imagier d’Aylmer, présente l’exposition collective Cuba-Canada: Fusion. Se fiant au titre de l’événement on pourrait facilement se méprendre en pensant aux mouvements lascifs et torrides que suggèrent les rythmes des Îles. Mais non! Il semble que les deux thèmes de cette exposition: artistes cubains et canadiens, et "le choc du contact […] sans appel et sans retour", la fusion, surgissent d’une coïncidence; rien d’autre ne vient justifier de  liens.

Si le travail des conservateurs laisse comme seul indice unificateur une liste des artistes divisée selon les nationalités et accompagnée d’un court paragraphe obscur, les oeuvres, elles, ne doivent pas souffrir des carences de la mise en contexte.

Donc, armé de quelques indicateurs, deux choix d’avenues sont offerts pour aborder ces oeuvres, soit un dialogue asymétrique entre les artistes cubains et canadiens ou soit (en déchiffrant le texte d’accompagnement) la présentation de plusieurs démarches comme métaphores à la fusion.

Du côté des artistes cubains, Noel Léon Fontes, Noel Buchillon Gòmez, Elias Enoch Pernut Pis, Belsy Bàrbara Cabiellas, José Ramòn Vieyto et Nelson Fransisco Gòmez Madero, il est vrai que nous sentons le rythme et que nous saisissons la palette de couleurs particulières des Îles. Paradoxalement, les couleurs froides employées par ces peintres créent une atmosphère torride. En plus, la grâce des courbes dans ces compositions réussit à les réchauffer. L’iconographie demeure difficile à comprendre à raison d’un seul tableau par artiste mais nous y voyons quand même le substrat d’une métaphysique; peut-être la fusion…

De leur côté, le travail des artistes canadiens, Hans Mettler, Michèle Provost, Jean-François Bégin, Christopher Healey, Jean-Pierre Gaudreau, Jose Mansilla-Miranda, Pierrette Lambert et Réal Patry, semble moins touché par les traits caractéristiques communs d’une métaphysique. Les oeuvres donnent l’impression d’être des dérivations rationnelles en comparaison de celles des artistes cubains. Ces oeuvres ont la contenance nordique; c’est-à-dire une sorte de rigidité dans la façon d’aborder le sujet. Elles s’écartent de l’idée métaphysique de la fusion que nous sentons ancrée dans la démarche des cubains. Les oeuvres du Canada sont interrogatives, elles questionnent ce sujet immatériel. Aussi, à travers ce thème, celles de Hans Mettler et de Jose Mansilla – Miranda semblent poser un regard politique qui fait surgir les différences entre les deux nationalités proposées dans l’exposition.

Pour conclure, nous ne pourrons prétendre qu’il s’agit d’une grande exposition, mais peut-être représente-t-elle une occasion rare de voir les oeuvres d’artistes cubains et, aussi, d’aller voir celles des artistes d’ici. Si les motivations derrière l’exposition à l’Alliance française d’Ottawa sont incomplètes, la qualité des oeuvres sauve la sauce.

Jusqu’au 29 août 2003
À l’Alliance française d’Ottawa
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