L’exposition annuelle du World Press Photo, le plus prestigieux concours annuel de photographie de presse au monde, se tiendra pour une deuxième année consécutive à la maison de la culture Plateau-Mont-Royal de Montréal, du 5 au 28 septembre prochain. Vous pourrez y admirer plus de 200 images sélectionnées par un jury parmi quelque 53 000 photos prises par 3 900 photographes provenant de 118 pays. L’exposition circule dans 40 pays et est vue par un million de personnes annuellement. L’an dernier, 15 000 personnes se sont déplacées pour voir l’expo qui faisait halte à Montréal pour la toute première fois.
Créé en 1955 aux Pays-Bas, le World Press Photo se donne pour objectif de promouvoir et stimuler le travail des reporters-photographes professionnels du monde entier par l’intermédiaire d’un concours annuel. L’indépendance politique, le respect du travail des photographes de presse et le refus de toute forme de censure sont les grands principes qui guident l’organisation. Les photos sont regroupées sous neuf thèmes: spots d’actualité, information générale, protagonistes des faits divers, vie quotidienne, arts, nature et environnement, portraits, sports, science et technologie.
En avant-première, nous vous présentons quelques-unes des photos primées cette année. Un formidable coup d’oil, intense, dérangeant, émouvant.
Prix World Press Photo de l’année 2002
Eric Grigorian
Arménie/USA, Polaris Images
Mention honorable – Information générale – Photos isoléesEntouré de soldats et de villageois qui creusent des tombes pour les victimes d’un séisme dans la province de Qazvin, en Iran, ce garçon qui serre entre ses mains le pantalon de son père mort s’accroupit près de l’endroit où sera ensevelie la dépouille mortelle paternelle. Les secousses d’une intensité de 6 sur l’échelle de Richter, qui ont eu lieu le 23 juin, ont détruit de nombreux villages et tué des centaines de personnes dans toute la province.
2e prix – Portraits – Reportages
Brent Stirton
Afrique du Sud, Getty Images pour Royal Geographic Society/Le Monde 2Des jeunes du groupe ethnique Xhosa en Afrique du Sud vont subir la circoncision, rite marquant leur passage à la virilité. Des milliers de jeunes dans toute l’Afrique du Sud, dont beaucoup ont laissé en plan leur vie citadine, se rendent dans des écoles de circoncision comme celle-ci, au Cap-Est. Pendant trois à quatre semaines après la circoncision, les jeunes aprennent l’histoire des Xhosas et leurs devoirs de membres adultes de la tribu. Le courage des jeunes pendant le rituel est un élément majeur du passage à la vie d’adulte. Le but de la cérémonie est aussi de leur inculquer le sens de l’héritage et les traditions tribales, les anciens leur distillant tous les jours des leçons. À la fin de la cérémonie, les jeunes prennent un bain rituel et sont accueillis dans la tribu Xhosa comme des hommes.La cérémonie est strictement privée. C’est le roi des Xhosas en personne qui a permis au photographe d’accéder à celle-ci.
2e prix – Nature et Environnement – Photos isolées
Carlos Spottorno
Espagne
En décembre, un bénévole aide à nettoyer la côte souillée de la Galicie à Malpica, en Espagne. Quelques semaines auparavant, le Prestige, un pétrolier naviguant sous pavillon de complaisance des Bahamas et transportant 70 000 tonnes de pétrole lourd, s’était fissuré à cause du mauvais temps à 250 kilomètres de la côte. Les gouvernements espagnol et portugais refusant de délivrer au navire l’autorisation de pénétrer dans leurs ports, le Prestige a été remorqué en pleine mer. Au départ, la pollution était minime car la majorité des compartiments du navire étaient restés intacts. Mais six jours plus tard, le pétrolier se cassait en deux et coulait en quelques heures, laissant s’échapper une nappe de pétrole d’environ 200 mètres de large sur 30 kilomètres de long. Le pétrole, entraîné vers la côte, vint non seulement polluer la faune et la flore marines et côtières, mais frappa également des communautés entières dépendant de la pêche. Les travaux de nettoyage furent en majeure partie réalisés par des bénévoles. Les écologistes accusent les autorités espagnoles de n’avoir pas su réagir assez rapidement pour éviter la catastrophe.
2e prix – Arts – Reportages
Alexandra Boulat
France, VII pour Paris Match
Défilé d’adieu. Yves Saint Laurent déjeune chez lui.
1er prix – Spot d’actualité – Reportages
Georges Gobet
France, Agence France-Presse
En septembre, une révolte militaire en Côte-d’Ivoire s’amplifie et rallie d’autres opposants au gouvernement du président Laurent Gbagbo. Les mutins sont rejoints par les musulmans du Nord mécontents des mesures discriminatoires prises contre eux par le gouvernement. Une nouvelle loi qui interdit aux Ivoiriens d’origine étrangère de voter empêche le leader de l’opposition Alassanne Ouattara, un musulman du Nord, de se présenter aux élections présidentielles, car on lui reproche d’être burkinabé. Après leur premier jour de combat, les mutins contrôlent la partie nord du pays et sont plus tard chassés d’Abidjan, dans le Sud. Le conflit s’étend, d’autres groupes de rebelles se rallient au mouvement. La France, ancienne puissance coloniale, essaiera plus tard d’intervenir entre le gouvernement et les rebelles pour trouver une solution et surveiller l’application du cessez-le-feu.
3e prix – Spot d’actualité – Photos isolées
Justin Sutcliffe
Royaume-Uni, The Sunday Telegraph/Images Sans Frontières
Une femme asphyxiée par des gaz est emmenée à l’hôpital après le siège du Théâtre du Palais de la Culture de Moscou, en octobre. Cinquante séparatistes tchétchènes, dont 18 femmes, ont pris le contrôle du théâtre au cours d’une représentation. Exigeant le retrait des troupes russes de Tchétchénie, ils prirent en otages plus de 600 spectateurs russes et étrangers. Au bout de trois jours de négociation avec les ravisseurs et l’exécution de deux otages, les militaires russes prenaient d’assaut le bâtiment après y avoir infiltré des gaz paralysants. Tous les rebelles et au moins 90 otages moururent au cours de l’assaut, et des centaines de personnes souffrant de troubles respiratoires furent hospitalisées. Les autorités refusant de préciser la nature des gaz, les médecins ne savaient pas quels antidotes administrer et le nombre de morts ne fit qu’augmenter.
Du 5 au 28 septembre
À la maison de la culture Plateau-Mont-Royal: 465, avenue du Mont-Royal Est.
Heures d’ouverture:
Mardi: 10 h à 20 h
Mercredi et jeudi: 12 h à 20 h
Vendredi: 12 h à 18 h
Samedi: 10 h à 17 h
Dimanche: 12 h à 17 h
Les vendredi 26 et samedi 27: midi à minuit