Pascal Grandmaison : Traits de génération
Arts visuels

Pascal Grandmaison : Traits de génération

PASCAL GRANDMAISON réalise-t-il le portrait de sa génération? S’attaquerait-il plutôt à ce cliché voulant que nous soyons prisonniers de notre groupe d’âge et de notre époque?

Sept portraits. Quatre femmes et trois hommes, dans la fin vingtaine. Sept photos, imprimées sur papier, d’individus de face, alignés comme en rang d’oignons, ou plus exactement comme des chevaux dans leur box avant la course. Ils sont prêts. Ils attendent! C’est d’ailleurs le titre que Pascal Grandmaison a donné à sa série d’images: Waiting (titre qui, en passant, aurait certainement été tout aussi efficace en français…). Mais pourquoi donc poireautent ces jeunes gens?

Une photo, ça fige le temps. En tout cas, c’est ce qui se répète à tire-larigot à propos de la photographie. Le travail de Grandmaison serait une énième réitération de la spécificité de ce médium? Pas si simple. La pose n’est pas que photographique. La photo est ici présentée comme un instrument, parmi bien d’autres, qui permet de figer les identités, pour en produire une vision réductrice. Proches des photos de passeport, ces images de Grandmaison montrent un portrait de génération impersonnel, avec une esthétique un peu branchée sans être trop luxueuse. Une mode simple, un peu comme dans les publicités Gap ou Calvin Klein de nos jours, sans que l’on sache très bien qui de l’art ou de la pub a emprunté à l’autre…

Dans la petite salle adjacente à la Galerie René Blouin, une projection vidéo donne à voir une simple chaussure (portée par l’artiste?). Régulièrement elle tressaille, comme si elle suivait le rythme du battement d’un coeur. Le titre: Running.

Waiting, Running… Attendre quoi? Courir après quoi? Se laisser figer dans une identité générale ou tenter de fuir et d’échapper à son groupe social? La pub, comme le pouvoir étatique, ou les statistiques, ça veut des identités claires, facilement prévisibles dans leur comportement. Comment y échapper?

Mais ce sont aussi des fourmis dans les jambes et des impatiences dans les pieds que semble montrer ce vidéo de Grandmaison. Portrait d’une génération exclue qui attend un signe (le départ des plus vieux) pour partir dans la course à la réussite? Ou critique d’une vision stéréotypée de la jeunesse actuelle?

Je ferais un reproche à cette expo de Grandmaison, du même ordre que celui que j’adressais à l’expo de Geneviève Cadieux, elle aussi chez Blouin au printemps dernier: le spectateur n’arrive pas toujours à faire la part entre la glorification de cette esthétique un peu réductrice qui est à la mode (et que Grandmaison met en scène) et la critique dont elle fait l’objet.

Jusqu’au 4 octobre
À la Galerie René Blouin

Survol de la photo actuelle
Maurice Forget abandonne le commissariat d’exposition. Il ne devrait pas. Tout juste après sa première expérience en ce domaine, le président du Conseil des Arts de la Ville de Montréal prétend que ses ambitions en ce domaine s’arrêtent là. Pourtant, son expo à la Galerie Stewart Hall ne manque pas d’intérêt. Intitulée Persona Grata, elle permet d’effectuer un pertinent survol des jeunes photographes actuels au Québec: Yan Giguère, qui remontre des photos où l’on voit sa très belle copine; Caroline Hayeur, qui expose des images de fêtes (dont certaines merveilleuses: Soirée Martini et Sortie, Sat); Ève K. Tremblay, qui revient sur l’univers fantasmatique des jeunes filles… Et il y a aussi Thomas Kneubühler, Marisa Portolose, Jason et Carlos Sanchez et Elena Willis. Pour ceux qui suivent l’actualité des galeries, il n’y aura pas beaucoup de nouvelles photos à voir. Mais pour les autres, voici un très juste bilan de la photo actuelle.

Jusqu’au 5 octobre
À la Galerie d’art Stewart Hall, à Pointe-Claire