

Richard-Max Tremblay : Noir sur blanc
Photographies sans prise de vue, les images que RICHARD-MAX TREMBLAY expose chez Vu détrônent tous les préjugés sur l’impression numérique. Jet d’encre.
Nathalie Côté
On croit voir des paysages, des aurores boréales, des icebergs, des lumières dans la nuit… Cela rappelle Turner, dira Rodrigue Bélanger de chez Vu. Peut-être Vapeur dans une tempête de neige? Mais ce n’est rien de tout cela. Plus simplement, ce sont des intrusions de lumière sur des négatifs. Formes aléatoires, accidents contrôlés: des images par "inadvertance". Des oeuvres matérialistes par-dessus tout, attachées aux procédés propres à la photographie. Une production a priori un peu austère, mais qui se livre à l’instant même où cette pensée nous effleure. Les photographies qu’a réalisées Richard-Max Tremblay dans les laboratoires de Vu sont en effet des expérimentations de haut calibre. On le devine, l’artiste montréalais n’en est pas à ses premières explorations. Depuis 20 ans, il occupe et fouille les frontières entre la peinture et la photographie. Chez Vu, il présente des photographies où on perçoit, dans les noirs feutrés des encres, les altérations effectuées dans l’ombre du laboratoire. Des roses et des jaunes côtoient la lumière: "Ici, la photographie, c’est d’abord le travail de la chimie sur l’émulsion exposée à la lumière, en l’absence de prise de vue, écrit l’artiste. Rien n’est photographié, rien n’est capté, aucun moment n’est arraché au temps."
Ces négatifs travaillés de manière "plus ou moins orthodoxe", Richard-Max Tremblay les a numérisés puis imprimés sur de grands papiers: "Pour obtenir ces noirs riches comme ceux de l’aquatinte, l’impression à jet d’encre s’est imposée comme la seule solution satisfaisante", poursuit-il. Les impressions numériques sont effectivement impressionnantes. On retrouve ici une parenté avec l’approche de la photographie de Paul Lacroix, qui en expérimente à la fois les marges et la dimension poétique. Il faut aussi le souligner, ces images, Richard-Max Tremblay les a réalisées avec Denis Thibault, dont on se presse de toute part pour saluer l’excellence du travail de technicien chez Vu. Enfin, cette exposition inaugure une série de séjours de production qui se dérouleront tout au long de l’année. Chaque artiste en résidence exposera par la suite dans l’Espace européen. Chez Vu, on se réjouit de cette nouvelle formule qui permet de lier la production en laboratoire et la diffusion. Inadvertances de Richard-Max Tremblay en annonce parfaitement l’esprit en procédant à une mise à nu du travail de laboratoire dont il nous révèle quelques moments cachés.
Jusqu’au 5 octobre
Chez Vu
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Bloc-notes
Vincent et moi
Vincent, c’est Van Gogh, bien sûr. Archétype moderne de l’artiste tourmenté, auquel le programme d’accompagnement artistique du Centre hospitalier Robert-Giffard a emprunté le prénom. Depuis trois ans, des patients souffrant de diverses maladies mentales créent textes et dessins, peintures et sculptures. Depuis quelques années, l’art thérapie et les produits de l’art brut connaissent un réel engouement auprès du public. On en reconnaît non seulement la dimension salutaire, mais aussi souvent les qualités formelles et expressives. Le programme Vincent et moi n’est pas de l’art thérapie; on y offre plutôt un support aux patients qui s’intéressent à l’art. "Un artiste est un artiste", rappelle le responsable du programme, François Bertrand.
Jusqu’au 19 septembre, on peut voir Mots de tête et maux d’esprit, une sélection de pièces réalisées lors des deux premières années des ateliers à la Salle d’exposition du pavillon Alphonse-Desjardins de l’Université Laval. Certains des exposants sont autodidactes, d’autres ont fait les Beaux-arts. Cette exposition en précède une autre, qu’il faudra voir absolument à l’Ancienne Chapelle du Centre hospitalier Robert-Giffard, ouverte exceptionnellement au public les 26 (de 11 h à 20 h), 27 et 28 septembre prochains (de 13 h à 20 h). Cette fois, il s’agit d’une sélection d’oeuvres récentes réalisées par les artistes des ateliers: "Pour démystifier la maladie mentale et le Centre Robert-Giffard", selon François Bertrand. "L’art est notre plus grand refuge contre le monde et notre lien le plus sûr avec lui", écrivait Goethe, cité sur le carton d’invitation. Cela ne vaut-il pas autant pour les créateurs que pour les spectateurs?
Riopelle à la Maison Hamel-Bruneau
L’exposition permet de découvrir les collages de Riopelle, dont certains sont superbes. Le tout est mené de main de maître par Monique Brunet-Weinman, qui signe un texte fort éclairant sur cette part de l’oeuvre de Riopelle, peut-être la moins bien connue. Également à voir, l’installation de l’artiste Danielle April qui nous fait découvrir sous un autre jour la dépendance du cottage anglais. Nous en reparlerons plus longuement dans les prochaines semaines. Jusqu’au 9 novembre.