Claude Marquis : Marquis, ellipse boy
Arts visuels

Claude Marquis : Marquis, ellipse boy

D’après la chanson d’Eden Ahbez du même titre, la série Nature Boy du peintre CLAUDE MARQUIS cherchait à trouver, chez ses modèles, l’incarnation de "a very strange enchanted boy".

La production récente de l’artiste se compose de 22 tableaux grands formats, dont les modèles, plus grands que nature, sont peints dans la continuité de la tradition du portrait classique. Ils semblent tous pétrifiés, comme s’ils étaient figés à tout jamais dans un moment déterminé et surtout déterminant, en même temps que chacun laisse transparaître ses propres émotions. Quant aux paysages, ils sont gestuels, en mouvance, baroques, contraires à la touche des modèles, autre paradoxe conférant aux toiles un caractère étrange. Les objets, les vêtements, la pose des modèles, leurs environnements, les couleurs, etc, sont autant d’éléments symboliques traitant ensemble de notions telle l’identité, les stéréotypes, les relations interpersonnelles, l’amour, la tragédie, etc.

L’intégration de l’écriture dans certaines toiles joue différents rôles. Sur l’une d’elles sont retranscrites au pochoir les paroles de la chanson, la base du travail comme repère à la lecture de l’oeuvre. Jouant avec la disposition des mots, l’artiste les place parfois à l’arrière-plan tel un paysage flottant, de manière à épouser étroitement les formes d’un des modèles, ou encore à l’avant plan, comme pour mieux nous ramener à la source. Dans un des tableaux, l’écriture disparaît et réapparaît à la lecture par l’effet d’un jeu de nuances, rappelant le rythme musical.

Claude Marquis cherche, s’attardant aux profondeurs de l’être, la vraie nature de chacun de ses modèles pour faire surgir, à la surface des toiles, les profondeurs de leurs essences. Plusieurs modèles sont vêtus de la même camisole blanche, créant une sorte d’anonymat clinique duquel l’artiste tente, comme toute recherche scientifique sérieuse, à éliminer tout ce qui pourrait fausser les données, influencer les perceptions.

Même si chaque oeuvre peut être appréciée en elle-même, l’ensemble raconte une histoire, une sorte d’intrigue. Tout est d’un calme suspect. Une tension est présente, précède la tragédie, semblable à l’atmosphère dépeinte par Alex Colville ou encore à L’État des choses de Farouk Kaspaules. Dans Nature Girl, une femme sexy et mystérieuse, habillée et chaussée de rouge, cheveux noirs et cigarette à la main, est assise dans un fauteuil. Le tableau voisin, Fools and Kings, montre un homme assis dans le même fauteuil, le regard rien que pour elle. Elle, elle regarde le spectateur. Bien que peint dans la même pièce, les murs du côté masculin sont verts, tandis que ceux du côté de la femme sont d’un rouge vif, formant un contraste violent, marque une scission. Dans He wandered very far, une maison, dont l’extérieur est peint en rouge, le même que la pièce où se trouve la femme, amène le rapport intérieur et extérieur de la maison, mais aussi, au sens métaphorique, celui de soi.

Ainsi, et comme dans toute son oeuvre, l’artiste possède l’art des sous-entendus, sait tirer profit de chaque élément qu’il ouvre comme des énigmes laissées à l’interprétation du spectateur, visiteur de ce monde "supraréel".

Jusqu’au 19 octobre
À la Galerie Montcalm
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