Caroline Hayeur : Ici comme Hayeur
Le portrait générationnel préoccupe les artistes actuels. À la Galerie Clark, CAROLINE HAYEUR nous dévoile sa vision du groupe auquel elle appartient.
Ici comme ailleurs, les artistes contemporains ne se lassent pas d’interroger leur époque et d’essayer de capter l’âme du temps présent. Depuis que Charles Baudelaire a proposé, au 19e siècle, cet impératif de modernité, c’est la surenchère. Espérons que les artistes contemporains feront plus que simplement effleurer la superficialité de la dernière mode, du monde friqué et peu intellectuel qu’elle représente. Souhaitons que les artistes actuels ne rêvent pas tous de devenir comme le Japonais Murakami qui réalise les motifs pour les sacs à main Vuitton portés par de petites-bourgeoises qui se croient cultivées.
Heureusement, d’autres artistes interrogent plus profondément le temps qui passe. Je vous parlais il y a deux semaines de Pascal Grandmaison, qui réalise les portraits photographiques de jeunes dans la fin vingtaine. Cette semaine, il faut absolument aller voir chez Clark les images de Caroline Hayeur, qui élabore elle aussi une forme de portrait de groupe. Décidément, l’ère est au portrait générationnel. Mais celui effectué par Hayeur est bien loin de l’esthétique hyper-léchée et très pub que décortique Grandmaison. Autant dans les couleurs un peu acides que dans le réseau d’amitiés qu’Hayeur met en scène, c’est davantage l’esthétique underground et contre-culture de Nan Goldin qui est ici la référence.
Hayeur élabore son esthétique ainsi que le concept même de son expo en se basant sur ces photos que tout un chacun prend en voyage, lors d’anniversaires ou dans des fêtes. Des albums de photos simplement déposés sur une table, avec comme titres Hommes, Femmes, ou Autoportraits avec ami(e)s, soulignent encore plus cette esthétique en prise directe sur le quotidien. Mais qu’on ne s’y trompe pas, les photos d’Hayeur n’ont rien de banal. Ses images ont la simplicité que seuls le travail et le talent donnent aux créateurs qui maîtrisent parfaitement leur médium.
Dans trois imposantes planches-contact de 36 poses (intitulées respectivement Open House, Hôtel-motel et Amitiés), Hayeur nous montre son univers, ses bonheurs au quotidien, ses liens avec tout un groupe d’individus. Chacune de ses images est d’une grande intensité à la fois sur le plan formel et sur le plan émotionnel. Des instantanés où le bonheur de vivre en bâtissant des liens avec les autres semble être la règle.
Je veux des oeuvres qui m’offrent un regard intelligent sur le monde, qui sont porteuses d’un discours sur le sens de la vie. Les images d’Hayeur me donnent cela avec une grâce certaine.
Jusqu’au 11 octobre
À la Galerie Clark
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