Tania Girard-Savoie : Voyage au bout de la nuit
Arts visuels

Tania Girard-Savoie : Voyage au bout de la nuit

Aussi joyeux que graves, les grands tableaux qu’expose TANIA GIRARD-SAVOIE à la Galerie des arts visuels nous rappellent que la couleur, c’est aussi l’émotion. Luminescence des  profondeurs.

Quatre grandes mosaïques faites de multiples panneaux de bois se partagent les cimaises et les planchers. L’installation est éloquente; la mise en place, audacieuse. Les mosaïques multicolores semblent couler sur le plancher ou gravir les murs de l’espace, faisant du coup vaciller le statut même des tableaux. Des panneaux aux couleurs éclatantes, plusieurs fluorescentes, des bleus, des orangés, des jaunes en côtoient de plus dramatiques, faits à partir d’impressions provenant de radiographies. Ces radiographies, sur lesquelles Tania Girard-Savoie travaille depuis quelques années, ce sont celles d’une tumeur cancéreuse de son père aujourd’hui décédé. Le sujet, grave et douloureux, qui était beaucoup plus difficile à confronter pour les spectateurs dans les premières expérimentations de l’artiste, semble aujourd’hui davantage transcendé. En tout cas, plus lumineux et moins manifeste: "C’est la suite logique de mes premiers tableaux. Ceux-là sont inspirés de ma vie… Mais ce n’est pas thérapeutique, ni malheureux, mais intelligent. J’ai donné une autre vie à ces radiographies." Ces formes organiques et morphologiques ont été maintes fois transformées. Découpées, coupées, collées, transférées, les radiographies sont devenues des motifs, émouvants certes, mais qui dépassent la dimension particulière et personnelle. Et leur vie semble bel et bien autonome. Ils alternent avec la pure peinture, avec des dizaines de très belles abstractions, plus sensibles les unes que les autres.

Tania Girard-Savoie détient une maîtrise en arts visuels de l’Université Laval et vient tout juste de recevoir une bourse de recherche du Conseil des arts et des lettres du Québec. Elle fait aussi partie du collectif Les Huit Couchés, récemment formé, regroupant sept artistes travaillant l’estampe de manière peu orthodoxe. Le collectif expose cet automne au Centre pluriculturel contemporain de Clermont Ferrand en France. Les oeuvres récentes de Tania Girard-Savoie sont probablement les plus accomplies qu’elle ait réalisées jusqu’à aujourd’hui. Ces grandes mosaïques qu’on peut voir à la Galerie des arts visuels ont été remarquées en mai 2003 au 20e Festival international de musique actuelle de Victoriaville et seront présentées bientôt à la Maison de la culture Plateau Mont-Royal. Cette récente production nous fait apprécier pleinement le travail de l’artiste. Et puis, comment le nier? Ces couleurs joyeuses et spontanées et ces traces d’encre noire cohabitent comme la joie et la peine. Mais surtout, la gamme des émotions possibles étonne encore et nous rappelle, comme seuls peuvent nous le faire sentir certains artistes, tout le pouvoir de la couleur et de la peinture.

Jusqu’au 19 octobre
À la Galerie des arts visuels

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Bloc-notes
Michel Goulet à la Chambre blanche
Le sculpteur n’a pas besoin de présentation: Prix Paul-Émile Borduas en 1990 (la plus importante distinction québécoise), représentant du Canada à la XLIIIe Biennale de Venise en 1988, auteur de l’oeuvre polémique (l’ensemble de chaises improbables) sur la place Roy à Montréal, invité par la Public Art Fund pour exposer ses sculptures à l’entrée de Central Park… L’homme connu pour ses détournements d’objets quotidiens expose Circus à la Chambre blanche. Cette exposition des oeuvres du sculpteur montréalais entame la série qui soulignera le 25e anniversaire du centre d’artistes. L’ensemble de sculptures forme un grand cercle autour duquel on tourne pour découvrir ses assemblages. Échantillons du travail de ce sculpteur, démonstration de ses trucs et de son savoir-faire alliant soudure, objets trouvés et assemblages farfelus transformant un gant, des Lego ou des conserves en véritables petits bijoux de sculpture. Autant de ready-made augmentés qui nous amènent au coeur de l’art de Goulet. Jusqu’au 12 octobre à la Chambre blanche.

François Vincent chez Lacerte
Peintre et graveur, François Vincent expose au Québec depuis 25 ans. Vincent présente une vingtaine de tableaux nous introduisant à une palette qui s’est éclaircie pour baigner dans des bleus et des roses, délaissant les teintes de terre qu’on lui connaissait davantage. Le ton demeure toujours le même et quelques tableaux sont saisissants; un portrait de chien et les plongeuses fascinent. Jusqu’au 7 octobre.

Vernissage au Lieu
L’artiste vidéaste et installateur Kader Chiguer a investi le Lieu et quelques espaces publics du quartier avec des interventions multimédiatiques. Rendez-vous pour l’inauguration de l’exposition, le vendredi 3 octobre à 20 h.