Melvin Charney : Photo Process
Malgré leurs contenus consacrés en quasi totalité aux photographies, dernièrement les expositions du Musée canadien de la photographie contemporaine (MCPC) prouvent que la photographie contemporaine est insérée dans les démarches multidisciplinaires en tant que moyen d’expérimentation, beaucoup plus qu’elle n’est utilisée comme une simple représentation du monde au premier degré.
Pour y arriver, le musée nous a montré divers processus de création où les photographies sont considérées comme véhicules d’investigation.
Les photographies de Melvin Charney, présentement à l’affiche du MCPC, n’échappent pas à la règle car nous devons également les questionner en tant qu’un médium parmi d’autres dans la démarche de Charney.
Dès le début de sa carrière, Charney a été intrigué par l’effet des structures architecturales dans leur milieu.
C’est par le truchement de la photographie qu’il a interrogé, puis développé ses idées, les formes, les idéologies et les structures récurrentes derrière l’architecture.
Mais, lorsque que l’on évoque le nom de Melvin Charney, nous pensons machinalement aux Colonnes de l’esplanade du jardin du Centre Canadien d’Architecture à Montréal. Ces immenses sculptures sont, pour plusieurs d’entre nous, notre seul repère des oeuvres de Charney; et nous devons avouer que nous connaissions moins sa réflexion à partir de la photographie, qui sous-tend presque, sinon tout, son travail. Ainsi, cette exposition consacrée à son travail photographique constitue un bilan, et très probablement une rétrospective, de sa carrière.
D’emblée, on nous informe de l’importance de la photographie pour l’ensemble du travail de Charney, sur le mur à l’entrée de l’exposition. L’image photographique a toujours été centrale dans l’élaboration de ses projets. C’est pourquoi l’exposition se divise en quatre corpus: quatre façons d’approcher la photographie dans son travail; tout comme quatre définitions de l’utilisation de la photographie dans le travail de Charney. Le premier groupe, en grande partie inédit, rassemble des photos tirées depuis la moitié des années 50, qui laissent présager l’ampleur qu’auront les constructions industrielles et l’organisation urbaine dans les oeuvres suivantes.
Dans le groupe qui suit, "photographies assemblées", des clichés superposés, sans être rognés, définissent les rapports qu’entretiennent les éléments architecturaux et l’espace environnant.
Pour Charney, qui conçoit l’architecture comme autant de facettes de l’activité humaine, la démarche nous apparaîtra plus claire dans la série des Paraboles, la troisième division de l’exposition, des "photographies peintes". D’immenses photographies où les interventions de pastel et de peinture acrylique engendre une nouvelle compréhension de l’espace. Aussi, dans ces compositions picturales, nous apercevons une ressemblance avec l’oeuvre sculpturale plus connue.
Mais, c’est dans la dernière section, le quatrième corpus, qu’on établit clairement le lien qui s’opère entre la photographie, les installations et les monuments. Les investigations conceptuelles des premiers groupes y sont l’objet d’une synthèse tri-dimensionnelle.
Bref, le travail de Melvin Charney ne peut être compris à la pièce, nous ne pouvons le saisir d’une façon disparate à partir de quelques oeuvres ici et là. Pour bien comprendre le sens de sa démarche qui cherche à conceptualiser les rapports sociaux intégrés à l’architecture, le spectateur s’efforcera de cerner simultanément chaque oeuvre dans la globalité de sa production.
L’exposition est organisée par le Musée d’art contemporain de Montréal.
Jusqu’au 11 janvier 2004
Au Musée canadien de la photographie contemporaine
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