Papa Palmerino : Images pieuses
Arts visuels

Papa Palmerino : Images pieuses

L’art peut-il mener au divin? Une expo à la Fonderie Darling nous montre les chemins de l’illumination créatrice…

Faut-il béatifier Papa Palmerino? Mère Teresa venant de l’être pour un faux miracle de guérison (absolument contesté par plusieurs médecins), on peut se demander si une telle consécration ne pourrait pas être décernée à d’autres pour des raisons tout aussi sérieuses. L’artiste, que plusieurs considèrent comme le pape de Montréal (dixit le communiqué de presse), ne s’est-il pas toujours présenté comme Serviteur de Jésus et de Marie? C’est ainsi en tout cas qu’il signe ses créations… L’entièreté de son oeuvre n’est-elle pas consacrée à Dieu? Depuis plus de 40 ans, cet autodidacte poursuit sa recherche plastique religieuse avec obsession. Il a eu la vocation artistique comme d’autres la révélation. Mystère de la foi créatrice!

Dans l’esprit de saint Luc (qui aurait fait le premier portrait de la Vierge Marie), Papa Palmerino reçoit son inspiration de sa religion. Mieux encore: avec son art, il arrive à communier avec nous.

Je dois le confesser, j’ai eu devant ces oeuvres composées de quelques crucifix décorés de pacotilles, de pastilles dorées ou argentées, un sentiment d’admiration et presque de piété… Que le lecteur ne voie pas en moi une grenouille de bénitier (quoique j’aie déjà gagné, ado, un concours sur l’encyclique du pape), mais ces oeuvres m’ont donné un certain sentiment de plénitude et de beauté supérieure… Dans le milieu de l’art, les créateurs sont devenus des saints révérés dont on admire toutes les reliques ou tous les bons mots comme parole d’évangile. Je me suis dit qu’entre ces deux types de vénération, celle-ci valait bien celle-là.

Les oeuvres de Palmerino, qui a maintenant 85 ans, ne manquent pas d’âme. Elles font penser aux ex-voto et autres objets de piété populaire que l’on peut retrouver encore dans certains pays comme le Mexique. Ses étranges chapeaux sont dignes des tiares papales et ont été utilisés par un autre pape (de la mode cette fois), soit par Christian Lacroix (eh oui!) pour un de ses défilés. Que dire de plus?

Qu’on me permette de hisser Papa Palmerino au panthéon des artistes contemporains, au titre de bienheureux du cénacle artistique…

Lors de sa visite à la Fonderie Darling, le pèlerin du monde des arts pourra en profiter pour examiner les créations d’un autre illuminé, celle du Grand Antonio (de son vrai nom Antonio Barichievich), qui a pendant plusieurs années réalisé des collages où il se mettait en scène comme héros accomplissant des miracles.

Jusqu’au 7 décembre
À la Fonderie Darling