« Salud Cafe! » de Claudine Juneau : Certifié bio
Appareil au cou, CLAUDINE JUNEAU a sillonné les routes planes du Nicaragua. D’abord simple touriste, elle en a rapporté une multitude d’images qui, étonnamment, sont devenues parties intégrantes d’un photo-reportage sur le café équitable.
Le matin se réveille tranquillement. Sur une causeuse, une femme aux traits sud-américains trie à la main les bons grains de café des mauvais tandis qu’une autre les moud à l’aide d’une machine électrique dernier cri. Claudine Juneau a en fait étalé les photos de son exposition Salud Cafe! (Santé café!, en espagnol) partout dans son salon. Une vingtaine de clichés noir et blanc mettent en parallèle le labeur des gens du Sud et du Nord, en plus de poser un regard poétique sur une cause à caractère social, le café équitable.
La photographie se fond à la personnalité de Claudine Juneau depuis sa tendre enfance. En effet, fillette, la Shawiniganaise s’était fabriqué une chambre noire à même une maison de poupée! Voilà ce qui explique pourquoi, lors de son premier périple solo en Amérique latine, l’aventurière n’a eu d’autres réflexes que de remplir son sac à dos d’une cinquantaine de films.
Sa découverte de Finca Magdalena, une coopérative de café biologique située au cour du lac Nicaragua, l’a littéralement séduite. La nomade est ainsi restée trois jours dans l’atmosphère paisible de l’île, espionne des gestes quotidiens de ses travailleurs, majoritairement de sexe féminin. Elle avoue cependant avoir ressenti un peu de gêne à capturer des instants de leur vie. Car à cette époque, elle n’était pas à l’aise à l’idée de se présenter comme photographe. "Je demandais aux employées de la coopérative l’autorisation de prendre une photo. Puis, j’attendais 30 minutes pour qu’elles reprennent leur travail", explique la passionnée. Étrangement, c’est sans doute cette pudeur qui lui a valu des images spontanées, représentatives des tâches journalières d’un producteur de café.
Nord-Sud
De retour au pays, la jeune femme a réalisé un semblant d’exposition dans son appartement. Plusieurs amis, charmés par ses clichés, lui ont alors suggéré de présenter ses ouvres au grand public. Mais Claudine Juneau avait l’impression que son travail était incomplet, jusqu’au jour où on lui a parlé du Café COMSEP de Trois-Rivières, une entreprise sociale qui avait le souci d’offrir du café équitable (un café payé à juste prix à des coopératives qui respectent les droits des travailleurs). Du coup, elle a eu envie d’aller y prendre des photos et, par la même occasion, de créer un rapprochement entre ce qui se fait au Québec et au Nicaragua. La boucle était ainsi bouclée; son photo-reportage prenait de la consistance. Celle qui, selon la rumeur, prépare des gâteaux au fromage comme personne a donc passé deux jours dans l’environnement COMSEP. Là, elle a rencontré des artisanes du café équitable, mais elle a aussi trouvé un esprit de solidarité comparable à celui de Finca Magdalena. "Le Café COMSEP ne fait pas d’argent avec son café, il crée de l’emploi, souligne Claudine Juneau. Et là-bas, c’est tout petit, c’est comme une petite coop. C’était donc un match parfait!"
Si la photographe n’avait jamais pensé monter une exposition avec ses clichés du Sud, elle semble très satisfaite de la tournure des événements. Salud Cafe! suscite l’intérêt, et risque de voyager un brin. Déjà animée par un autre projet, Claudine Juneau rappelle son côté "éducatrice": une exposition doit toujours naître dans un esprit de conscientisation.
Jusqu’au 31 décembre
À La Pierre angulaire
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