Salle de montre : Un clone pour apporter!
Arts visuels

Salle de montre : Un clone pour apporter!

Malgré toute la polémique entourant le sujet, DALIA CHAUVEAU fondait en 1999 une agence spécialisée dans le clonage  humain.

Que diriez-vous d’avoir gratuitement un clone de vous-même? Une offre farfelue? Non, pas vraiment. Il y a maintenant près de cinq ans que l’artiste Dalia Chauveau administre une agence fictive, mais pourtant bien réelle, de clonage. Spécialiste de la génétique, elle présente le résultat de ses métissages à l’Atelier Presse Papier de Trois-Rivières.

Loin de donner naissance à de véritables êtres vivants, la souriante brunette travaille plutôt à un projet artistique un peu tordu. Sa belle folie se trouve à l’origine d’un comptoir virtuel sur le Web (www.agencedeclonage.com), où il est possible de passer une commande pour un clone aux spécificités diverses: avec des attributs d’animaux, de personnalités célèbres ou des traits identiques à son acheteur. Soucieuse de proposer un produit de qualité, Dalia Chauveau invite ainsi les internautes à remplir une panoplie de questionnaires. Ces formulaires ont comme objectif de les faire réfléchir à ce sujet controversé, de les amener à penser aux conséquences. À partir des demandes de ses "clients", approximativement au nombre de 150, la fondatrice réalise des portraits sous forme de fiches numériques à caractère holographique. Ce sont les prototypes qu’elle expose sous le nom de Salle de montre dans l’établissement culturel de la rue Saint-Antoine.

Le sourire en coin, Dalia Chauveau admet qu’elle ne détient aucun contrôle sur le résultat final des clones. Elle rigole en songeant aux individus non satisfaits qui ont eu l’audace de retourner la marchandise. "Je ne garantis pas les erreurs que pourrait faire la nature. C’est un processus aléatoire", articule-t-elle. En effet, les portraits affichés sur les murs de l’atelier Presse Papier renferment un je-ne-sais-quoi de monstrueux. Ils s’éloignent en tout point de la beauté. L’artiste parle même de mort: "Ces clones sont comme des masques mortuaires qui attendent l’âme d’une personne pour se réveiller."

La portraitiste voit un brin de narcissisme dans l’idée du clonage. Curieusement, les personnes qui fréquentent son site Web ne demandent jamais une copie identique à eux-mêmes. "Les gens désirent toujours se changer. Ils veulent toujours améliorer quelque chose de leur physique, souffle Dalia Chauveau. Ils ont aussi ce fantasme de se voir mieux qu’ils sont."

L’artiste contemporaine raconte que cette œuvre loufoque a commencé à prendre vie en 1994, lors d’un travail sur l’identité. Comprenant que celle-ci passait en partie par les chromosomes, elle s’est donc attardée à la question du clonage. "Je ramène l’art dans un lieu social, au cœur même d’un débat de société", souligne-t-elle. D’abord, ses créations ont eu l’aspect de portraits-robots, puis elles se sont transformées en impressions numériques. Et Chauveau vise d’autres sommets. En effet, elle met actuellement beaucoup d’énergie sur des enregistrements vidéo; elle aspire à montrer des clones en mouvement.

Du 9 janvier au 1er février
À l’Atelier Presse Papier
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