La Disparition : La chambre noire
Arts visuels

La Disparition : La chambre noire

Les superbes photographies de JOCELYNE ALLOUCHERIE, l’album de famille et les photos-objets de WOJCIECH PRAZMOWSKI, l’humour de POL PIERART: La Disparition regroupe 16 artistes d’ici, de Pologne et de Belgique, et autant d’expériences photographiques.

"Il y a tellement de photographies accessibles par l’électronique. Produire des images est facile. J’apprécie les images qui ont une valeur. Que l’image puisse avoir une histoire. Qu’elle ne soit pas banale." Ce sont les mots de Marek Grygiel, conservateur au Centre d’art contemporain Zamek Ujazdowski et commissaire ayant sélectionné les artistes polonais participant à La Disparition. En Pologne, premier pays européen envahi par Hitler, le souvenir de la Seconde Guerre mondiale n’est jamais très loin. Ainsi, le ton des artistes est souvent grave, parfois dramatique. Cette capacité peu commune à s’épandre dans les profondeurs semble bel et bien être la contribution des artistes polonais à cet événement. Les photographies de Wojciech Prazmowski, exposées chez Rouje avec les grandes scolarisations d’Ève Cadieux et les œuvres de Jean-Louis Vanesch, sont des photographies classiques, mais d’une intensité peu commune. Elles sont sobres, faisant fi de tout sensationnalisme: quelques vieilles photos de famille retravaillées, un dimanche à la plage croqué la veille du début de la guerre. La photographie est ici le témoin d’un passé, d’une culture, voire d’un mode de vie révolus.

"La photographie est par essence l’art de la mémoire", écrit l’auteur Jean-Michel Sarlet dans le catalogue accompagnant l’exposition. Cette "poétique de la trace", elle se retrouve dans la plupart des œuvres rassemblées dans La Disparition. Chez Natalia LL, une artiste polonaise travaillant l’autoportrait depuis plusieurs décennies et qu’on peut voir chez Vu. Dans la vidéo de Charles Guilbert, où chaque ligne, aussitôt tracée, disparaît dans la suivante. Dans le travail de Patrick Altman aussi, où trônent des reproductions d’œuvres anciennes du Musée national des beaux-arts du Québec, des reproductions de tableaux de Krieghoff ou de Légaré, embrochées par dizaines sur le mur de l’Oil de poisson. L’installation d’Altman côtoie les photographies de Jocelyne Alloucherie, qui recevait le Prix Paul-Émile-Borduas en 2002. L’œuvre est à la hauteur de sa reconnaissance. Ces photographies sont impressionnantes! Le grain numérique rivalise avec celui de la photographie et se superpose à celui des pierres et de l’asphalte. Leur effet plastique est indéniable et les imposants cadres, "une frontière entre l’espace réel et l’image", y participent magnifiquement. Les qualités plastiques des photographies d’Alloucherie, la dimension symbolique de celles de Prazmowski – autant de qualités qu’on retrouve dans plusieurs des œuvres exposées – prennent un sens qui les dissocie d’emblée de l’"image médiatique". C’est probablement ce qui contribue à faire de la photographie un art.

Jusqu’au 15 février
En différents lieux
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Bloc-notes
Prix d’excellence des arts et de la culture
Le public peut se procurer des billets pour assister au gala des Prix d’excellence, qui aura lieu le 26 janvier au Capitole, et qui compte parmi ses nominés Jocelyn Robert, Gabriel Routhier, Lucie Fortin, Branka Kopecki, Carlos Sainte-Marie, ainsi que Claude Bélanger et sa Manif d’art.