Edward Hillel / L'École des femmes : Travaux de révision
Arts visuels

Edward Hillel / L’École des femmes : Travaux de révision

L’art est toujours politique, d’une manière ou d’une autre. Deux expos nous le rappellent avec intensité.

Voici une expo traitant d’une histoire qui n’est pas très nouvelle. À la Galerie Lilian Rodriguez, le photographe Edward Hillel nous montre une ancienne usine désaffectée, en totale décrépitude. Elle sera certainement démolie ou recyclée, pour faire place à des lofts bourgeois. Née il y a plus de 20 ans, cette mode, qui consiste à recycler des espaces pauvres pour en faire le comble du luxe, se poursuit encore de nos jours. Et ces images prises par Hillel à la Dunlop Factory de Manchester pourraient aussi venir de Detroit ou Montréal. Qu’il est chic de vivre dans l’ancien espace (réaménagé) des pauvres!

Le monde des affaires et du commerce n’a pas grand-morale ni grand-mémoire. Nous connaissons tous la rengaine: la compétitivité est un dogme incontestable. Les usines sont fermées sans grande considération pour les travailleurs. Ce n’est pas un sujet nouveau. Malheureusement. Et il est encore bien d’actualité. Edward Hillel arrive à parler avec justesse de cela. Devant ses photographies, je n’ai pu manquer d’imaginer les travailleurs et leurs conditions de vie, leurs salaires de crève-la-faim, alors qu’en ces mêmes lieux, d’autres vivent aujourd’hui dans le luxe le plus complet.

Jusqu’au 14 février
À la Galerie Lilian Rodriguez

Femmes de personne
Que n’a-t-on pas entendu sur les féministes? Elles seraient allées trop loin (bien trop loin), elles auraient castré les hommes, elles seraient même responsables des mauvais résultats des garçons à l’école… La cause est entendue: que les femmes (les Noirs et les homosexuels aussi) arrêtent de se victimiser! Or, encore de nos jours, en arts visuels du moins, on a plus de chances de connaître la consécration si on est blanc, mâle et hétéro (n’en déplaise à ceux qui voient la mafia gaie partout). Juste pour vérifier, demandez à n’importe qui de dresser une liste des grands artistes du 20e siècle ou des 50 dernières années… Voilà pourquoi l’exposition L’École des femmes du Musée de Joliette me semble tout à fait justifiée. Elle dresse un portrait des femmes artistes au Canada, avec bien sûr des noms connus (Raymonde April, Betty Goodwin, Marcelle Ferron, Suzy Lake), mais aussi méconnus (Suzanne Duquet, Louise Gadbois, Jori Smith). À voir non pas pour se donner bonne conscience mais simplement pour admirer (majoritairement) de bonnes œuvres. Je vous conseille en particulier le tableau Dia de Lise Gervais.

Jusqu’au 22 février
Au Musée d’art de Joliette