Mois Multi : À la recherche du temps perdu
Bousculer nos manières de voir et d’entendre? Depuis cinq ans, des dizaines d’artistes tentent de nous en convaincre avec leurs créations au carrefour des langages artistiques.
Nathalie Côté
Photo : Diana Shearwood
"On présente des choses que, nous, on veut voir", explique franchement Émile Morin, codirecteur artistique de cette cinquième édition du Mois Multi. Morin est un des membres fondateurs de Recto-Verso, un des instigateurs de l’événement et un des membres fondateurs de la Coopérative Méduse; un pilier dans le développement de la production multidisciplinaire au Québec. Pour Émile Morin, "le défi est de faire de ce festival quelque chose de percutant et de montrer des oeuvres qu’on ne voit pas ailleurs". Le Mois Multi offre en effet une rare tribune aux productions se trouvant à la croisée de plusieurs langages artistiques. Comme le rappellent Émile Morin et Caroline Ross, qui partagent la direction de cette édition, "c’est un type de création riche et immense, mais dont la diffusion est difficile". Coûteuses aussi sont ces oeuvres multidisciplinaires et médiatiques, souvent complexes. C’est pour cette raison notamment que Recto-Verso s’associe à Antitube, à Avatar et à la Bande vidéo pour la présentation d’une partie de la programmation.
On ne peut nier toutefois, à défaut de se faire taxer de complaisance, que les dispositifs sophistiqués et certaines démonstrations alambiquées peuvent parfois agacer. N’empêche, au fil des années, on y fait des découvertes et certaines expérimentations originales valent vraiment le détour. L’utilisation des technologies de l’image et du son, détournées de leurs fonctions premières à des fins ludiques, peut en effet nous amener à faire des expériences inédites. Mais surtout, puisqu’on apprécie les productions qui s’aventurent hors des sentiers battus, et par-dessus tout les propositions déroutantes, ce "festival" d’art multidisciplinaire et médiatique demeure une des seules occasions d’accéder à ces univers où se mêlent art, recherche et technologie.
Le programme pour les quatre prochaines semaines? Théâtre multidisciplinaire, installations (entrée libre), art audio, performances et musique électronique. À voir dès l’ouverture, ce jeudi 5 février 2004 à compter de 17 h: deux installations. Ondulation, du collectif Plumbing for Beginners, s’annonce comme "une rencontre assez pure entre l’eau, le son et la lumière", ainsi que l’explique Émile Morin. Inauguration aussi de L’arc d’apparition du Torontois John Oswald, un portrait filmé considéré comme une nouvelle forme de cinéma, baptisée "chronophotique" par l’artiste. Enfin, puisque les artistes "se nourrissent aussi du travail des autres", le Mois Multi sera aussi un moment privilégié de réflexion pour les créateurs et une occasion d’exploration de ces univers techno-artistiques. À suivre.
Du 5 au 29 février
Au Complexe Méduse
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Conférence virtuelle
Reçue par courrier électronique, une conférence virtuelle de l’artiste Françoise Tounissoux: La création numérique, une question de corps, de temps et de virtualité. Un pur plaisir. Dans une écriture limpide, Tounissoux discute de création et multiplie les incursions historiques, artistiques et littéraires, plus éclairantes les unes que les autres. Ce colloque virtuel sur "les états" de l’infographie d’art est une initiative du Centre national de recherche et diffusion en arts contemporains numériques d’Alma. Pour y participer ou avoir plus d’info: sagamie