13 aquarelles deBenjamin Fisher : Les rêveries du promeneur militaire
Représentations des chutes Montmorency et du Niagara, vues de Montréal et de Québec, les 13 aquarelles de Benjamin Fisher nous transportent au XVIIIe siècle. À la conquête d’un territoire.
Les visiteurs observent minutieusement les aquarelles de Benjamin Fisher. Y cherchent des repères à la loupe, identifient les bâtiments, fascinés par l’exactitude de l’horizon, étonnés devant tant de transformations et autant de ressemblances. "Les couleurs du ciel, ce sont celles de Québec à la tombée du jour", explique Daniel Drouin, conservateur de l’art ancien au Musée. Parce qu’elles ont été oubliées pendant plus d’un siècle au milieu "d’un entassement de vieux meubles et de papiers poussiéreux", les aquarelles de Benjamin Fischer sont d’une qualité exceptionnelle. Les couleurs et le papier ont été conservés et demeurent quasi intacts. Comme le rappelle Daniel Drouin, ces vues topographiques – dessins minutieux et descriptifs réalisés à l’échelle – sont l’équivalent de la photographie aujourd’hui.
Fisher a étudié le dessin avec "un aquarelliste de grand talent", Paul Sandby, à la Royal Military Academy de Woolwich. Ingénieur royal en chef dans la ville de Québec, il était "chargé de faire des rapports sur les fortifications au Canada ainsi que de les dessiner". Ses aquarelles, Fisher les a réalisées entre 1785 et 1796, quelques années après le traité de Paris de 1763, qui mit fin à la guerre de Sept Ans et selon lequel, notamment, la France céda le Canada à la Grande-Bretagne. Les aquarelles du lieutenant, devenu ensuite major général, sont parmi les plus anciennes de toutes les représentations picturales de Montréal et de Québec. Elles seront notamment utiles pour les anthropologues contemporains dans l’étude de paléo-paysages. Plus que de simples documents pour les historiens ou pour les spécialistes de l’architecture, "ce sont des œuvres qui, par leur rareté et leur beauté, sont d’une très grande valeur", renchérit Daniel Drouin. Des œuvres riches de possibilités d’interprétations historiques aussi. On pourrait élaborer sur la volonté de décrire chère au XVIIIe siècle, incarnée dans ces vues topographiques, comme sur celle de conquérir un territoire.
En outre, "ces aquarelles font surgir des émotions avec lesquelles nous ne sommes plus familiers", comme l’affirme Daniel Drouin. La dimension descriptive des aquarelles de Fisher est doublée d’une approche propre au romantisme, où le paysage est envisagé pour son caractère "émouvant et pittoresque". Au pied de la majestueuse chute Montmorency se dessine un menu profil humain. Un arbre généreux trône au premier plan de la vue de Montréal. Mais encore, les ciels de Fisher occupent de grands pans des papiers vélin. Ces aquarelles s’inscrivent dans la tradition anglaise de la peinture; en particulier, celle du paysage topographique, dans laquelle les peintres britanniques excellaient. Rapatriées en décembre dernier par Bibliothèque et Archives Canada et l’institution de la Grande Allée, elles retourneront à nouveau dans l’ombre, histoire d’en assurer la conservation. Le Musée, quant à lui, prépare un ouvrage où elles seront reproduites. À voir, jusqu’au 28 février. Entrée libre.
Jusqu’au 28 février
Au Musée national des beaux-arts du Québec
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Bloc-notes
Mois Multi
Début de la seconde vague d’activités de cette édition fréquentée par un public averti et nombreux. On a déjà assisté à quelques grands moments: Machines 12 avec un concert mettant en duo des musiciens et des automates. Mais surtout, on retient la superbe performance multimédia Black Box d’Alain Thibault et Yan Breuleux. À venir cette semaine, deux nouvelles propositions débutant le 19 février dès 17 h: les installations du collectif Artificiel ainsi que celle de Catherine Béchard et Sabin Hudson. Jusqu’au 29 février.
Eugenia Gortchakova
Inauguration du travail de l’artiste d’origine russe. À la Galerie des arts visuels de l’Université Laval, le 19 février dès 17 h.
Jouer au docteur/Be a specialist
Carl Bouchard fera une performance lors de l’inauguration de son installation au Lieu, le 20 février à 20 h, où il présentera Si près du centre – examen/action. L’artiste de Chicoutimi s’activera par la suite du 21 au 25 février.