Lise Barbeau et Laurent Luneau : Passages
La Galerie d’art du Parc abrite deux nouvelles expositions. L’une s’intéresse à l’existence de Dieu, tandis que l’autre dévoile à demi-mot des facettes de l’exil.
Où est Dieu?
L’artiste Lise Barbeau, connue autrefois pour ses activités avec le regroupement In Vivo, s’est beaucoup questionnée sur l’existence possible de Dieu. À partir de ses interrogations lui est apparue une vérité quasi insoutenable, soit qu’aucune force supérieure ne gère les clés du paradis, la mort correspondant donc au néant. Loin de vouloir imposer sa vision personnelle au public, la non-croyante présente Où est Dieu?, une exposition qui fait plutôt état de ses réflexions sur la vie et sur la mort que de son orientation religieuse. Vertiges et silences…
C’est un voyage à Saint-Jacques-de-Compostelle en 2001 qui a servi de prétexte à ses récentes réalisations piquées de la symbolique du pied, petite partie du corps qui permet de propulser l’humain à l’extérieur de ce qui l’entoure. L’exposition qui mêle peintures, photographies et installations prend d’ailleurs la forme d’un pèlerinage de la vie vers la mort. Salle par salle, la femme de 51 ans entraîne le spectateur à travers les différentes étapes de l’existence. D’abord, il y a le désir de se débarrasser de ses chaînes, le besoin de quitter la tour de Babel construite par le quotidien. Ensuite, la peintre s’attarde au plaisir de se rendre compte que l’on est en vie pour finalement évoquer la sérénité et la mort: "J’ai gardé en tête l’idée de gradation. Tu te sens coincé? Alors tu bouges et tu vas vers quelque chose d’autre… tu vas vers toi-même."
Paysages de l’exil II
Laurent Luneau a déjà connu l’exil. Pendant deux ans, il a vécu en Afrique, au Niger. Fait étrange, lorsque les gens lui demandaient de décrire un paysage de chez lui, il en était incapable. Les souvenirs s’embrouillaient. Seuls des fragments imprécis lui revenaient à la mémoire. "Plus on s’éloigne de son pays, plus on oublie, articule doucement l’artiste des Bois-Francs. Puis, c’est le silence qui s’installe." Cette situation inconfortable ainsi que des rencontres avec des réfugiés sont ainsi devenues les points d’amorce de son exposition Paysages de l’exil II, qu’il trimballe autour du Québec depuis 2001 (la Galerie du Parc est sa destination finale). Présentée sous la forme d’une installation, cette dernière explore divers aspects de l’exil: l’exil du corps, l’exil dans la mort, la folie… Certaines créations à demi voilées rappellent les événements qui ont eu lieu en ex-Yougoslavie, d’autres, les campements de réfugiés. Un message, un constat, évoqué en sourdine.
Jusqu’au 28 mars
À la Galerie d’art du Parc
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