Jérôme Fortin : Roche, papier, ciseau
L’art de JÉRÔME FORTIN est de faire apparaître du poétique dans le plus anodin des objets. Après bien des matériaux banals, voici qu’il se sert du papier journal.
Jérôme Fortin, le magicien des petits riens, a ces jours-ci deux expos en même temps. À la Galerie Plein Sud à Longueuil, il nous offre une sorte de conclusion au type de travail par lequel il s’est fait le plus connaître – Fortin a rassemblé, entre 1997 et 2000, des collections de petits riens (clés, allumettes, morceaux de fils électriques…) dans des vitrines dignes de celles des musées d’ethnographie, mais où c’est notre propre culture, avec son lot de petits objets curieux, qui était exposée. Fortin donnait un aspect poétique, mais aussi proche du regard des enfants qui s’émerveillent devant presque rien, au plus banal des objets.
Les pièces qu’il expose cette fois sont en fait les dernières qu’il réalise dans cet esprit d’assemblage de petits restes de la vie quotidienne. Il ne reprend pas le dispositif muséal ou celui de la collection avec son lot de vitrines. Il a constitué, sur des podiums, de minuscules forêts de totems composés de capsules de bouteilles de bière, de filtres de cigarettes, d’attaches métalliques pour sacs-poubelles et de quelques retailles de plastique. Une sorte d’anti-monument à la vie quotidienne. J’ai toujours apprécié cet aspect du travail de Fortin et j’aurais aimé que cette présentation à Plein Sud soit plus foisonnante.
À la Galerie Pierre-François Ouellette (au 2e étage de l’édifice Belgo), Fortin développe une nouvelle manière de faire. Il revient sur la forme ronde du tondo qu’il a déjà interpellée avec sa série Marines, composée de bouteilles de plastique recyclées en fines bandes colorées. Un intéressant recyclage des déchets de notre société de consommation. Cette fois, son matériau de base est le papier journal. Découpé en lanières, réassemblé, parfois presque tressé, ce papier est utilisé dans une technique de gravure appelée la "collagraphie", un procédé où "différents matériaux sont collés sur une plaque rigide afin d’obtenir un relief". Cette série, réalisée aux Ateliers Graff au printemps 2003, ne donne pas un résultat nécessairement spectaculaire mais constitue un beau travail d’impression sur la texture, l’épaisseur, le volume.
Jusqu’au 14 mars
À la Galerie Plein Sud à Longueuil
Jusqu’au 13 mars
À la Galerie Pierre-François Ouellette