Marc Séguin : Bon diable
Arts visuels

Marc Séguin : Bon diable

MARC SÉGUIN propose au Musée des beaux-arts une série moins ostentatoire que son travail habituel, mais qui n’en est pas moins une grande réussite.

Je dois avouer que j’ai souvent eu des réticences devant le travail de Marc Séguin. Mais je dois dire aussi que j’ai eu une très belle surprise en voyant sa plus récente série. Une série dépouillée, épurée, qui, au premier coup d’œil, semble abstraite. Et puis se produit la révélation. Quoique je devrais plutôt parler d’apparition ou de dévoilement. Je m’explique.

Croyez-vous au diable? Croyez-vous qu’il y a parfois dans ce monde des incarnations du Mal? Non, je ne pense pas uniquement à Hitler ou à Dutroux. Je pense aussi à un diable plus commun.

Il y a des jours où, moi, je crois malheureusement au diable. À une force de destruction des êtres comme celle que Clouzot a pu montrer dans son célèbre film Les Diaboliques. Loin d’être une force lointaine et exceptionnelle, le diabolique s’incarne parfois dans des gens bien communs qui tentent d’en détruire d’autres pas seulement physiquement mais aussi psychologiquement, rarement d’une manière directe, le plus souvent d’une façon insidieuse, presque involontaire… La trahison est un exemple de cette malignité. Mais il y en a bien d’autres. Effrayante surprise, elle nous laisse toujours bouche bée.

C’est pourquoi ces œuvres de Séguin me semblent très réussies. Elles miment le processus diabolique. L’œuvre du Mal se fait toujours un peu en secret… Au premier regard, ces dessins ne sont que miroitement de motifs dorés, motifs sinueux et élégants obtenus par quelques coups de crayon… Et puis on s’approche pour mieux voir. Il faut presque se brûler les yeux pour distinguer ces dessins. On y découvre des images de diablotins et diablesses: le travail du démon. Vous devez me croire sur parole: je ne peux pas vraiment vous les montrer, ces dessins sont "irreproductibles". Le trait de crayon de Séguin est tellement fin qu’aucune photo ne peut en rendre compte. Mais peut-être est-ce le diable lui-même qui se cache et qui ne veut pas trop se montrer?

Pour Séguin, tout a commencé par un voyage dans le Berry, en France, au Musée de la sorcellerie. Il a été interpellé. Puis un jour, il a trouvé un gros rouleau de papier kraft dans son atelier. Il a eu beau interroger tous les gens qui étaient venus lui rendre visite, ce rouleau n’était à personne… Était-ce un ange qui était passé lui faire une commande? Quoi qu’il en soit, il a entrepris cette série, qui est une grande réussite.

Jusqu’au 23 mai
Au Musée des beaux-arts
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