Dérive et Attache : Un long fleuve tranquille?
À la suite d’un séjour en terre trifluvienne, l’artiste montréalais YVON DAVID s’est intéressé à la notion de mouvance. Rencontre avec un homme solide.
Le peintre et graveur Yvon David a goûté à la vie trifluvienne pendant cinq semaines, l’hiver dernier. Chaque matin, caméra au cou, l’autodidacte déambulait le long du fleuve et du lac Saint-Pierre pour figer sur pellicule des images. Les amarrages, objets pour le moins amusants vu leur forme éclatée, attiraient plus souvent qu’autrement son œil d’artiste. C’est ainsi que Dérive et Attache a commencé à prendre forme.
Ces balades quotidiennes ont étonnamment donné lieu à une réflexion philosophique. Le Montréalais s’est laissé inspirer par un éternel caprice de la vie: la mouvance. Il se revoit les pieds ancrés sur la terre ferme alors que les glaces glissaient sur le Saint-Laurent. "La dérive, tu ne peux pas vraiment la prévoir. Un moment, tu es fixe et un instant plus tard, tu pars…" souligne-t-il. Des cours d’eau ne menant nulle part ont alors émergé de son imaginaire. Des œuvres aux techniques mixtes hésitant entre des teintes bleutées et sombres, qui composent l’itinéraire d’un surprenant voyage aquatique de la Mauricie à la Toscane.
Yvon David, qui évolue en marge des modes et des grands courants artistiques, admet avoir dérogé de son style avec l’exposition présentée à l’Atelier Presse Papier. "Les trips "nature" ne sont pas mon genre d’habitude, rigole celui qui se sent davantage chez lui en abstraction. L’art, c’est une thérapie. On se transforme à travers ses œuvres. Il faut donc accepter de passer par certaines étapes. Il faut que tu fasses ce que tu as à faire sans te poser de questions."
Si Dérive et Attache détonne par rapport à ses réalisations passées, elle a été conçue à partir des techniques qu’il a développées au fil du temps. Un mélange libre de gravure et de peinture au torchon. "J’aime le papier et le travail physique. La gravure, ça exige des mouvements répétitifs, et tu es toujours en contact avec la matière. En fait, j’adore l’idée d’égratigner cette dernière", souffle-t-il.
Ce procédé demande beaucoup d’énergie et d’agressivité de la part de l’artiste, qui du coup ajoute: "Ceux qui se démarquent dans cette discipline, ce sont de véritables volcans!" Difficile d’en douter!
Jusqu’au 28 mars
À l’Atelier Presse Papier
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