Les Oiseaux, l'arbre, la montagne (bis) de Jean-Philippe Roy : En pleine forme
Arts visuels

Les Oiseaux, l’arbre, la montagne (bis) de Jean-Philippe Roy : En pleine forme

Existe-t-il une expérience qui soit propre à la sculpture? Celles qu’expose JEAN-PHILIPPE ROY à la Galerie Le 36 le rappellent avec pertinence. Les objets dans l’espace et  nous.

Effet de miroir sans miroir, les trois sculptures que Jean-Philippe Roy a installées dans la Galerie Le 36 jouent avec leurs doubles. Elles sont en fait six, chacune ayant été réalisée deux fois. Le prétexte? L’espace d’exposition lui-même – où deux cheminées de briques occupent chacune des pièces – prédisposait à ce jeu. Une des cheminées est plus imposante que l’autre; les sculptures ont été faites selon cette proportion. "Mon but, en représentant deux fois la même chose, c’est que les objets se libèrent de leurs référents", explique le jeune artiste, qui participait au printemps 2003 à la seconde édition de la Manif d’art. Depuis quelques années, la jeune production de Jean-Philippe Roy a été remarquée. Il recevait, notamment, en plus de la Bourse René-Richard 2002, le prix Tombé dans l’œil décerné par l’Oil de poisson, où il a participé à une exposition collective et où il aura bientôt un solo.

L’ensemble que Jean-Philippe Roy propose ici est, de toute sa production, notre préféré. On constate que son engagement pour la sculpture est remarquable, autant par son intérêt pour la réflexion que par son savoir-faire. Chez lui, à l’instar de bien des artistes, l’œuvre s’articule d’abord et avant tout dans sa réalisation. "Ces objets résistent aux images qui leur sont associées", explique-t-il. En effet, Les Oiseaux, l’arbre, la montagne (bis) sont évoqués par les six sculptures, mais leurs référents "s’opacifient" rapidement, pour laisser voir d’abord les objets eux-mêmes: leur forme, leur matérialité. Mais ce qui touche le plus, c’est qu’on y fait une expérience du "moment présent". Nous sommes là, physiquement, avec les sculptures dans l’espace. Comme l’explique le sculpteur, "ça nous renvoie à notre propre corporalité". Notre corps devient, en quelque sorte, une unité de mesure.

Alors qu’on est constamment sollicité et stimulé, pour ne pas dire sur-stimulé, on se retrouve à la Galerie Le 36 dans un silence précieux. Ces sculptures ne sont pas à lire, ni à comprendre comme des devinettes ou des charades. Elles ne sont pas non plus de l’ordre du spectacle. Il n’y a pas ici de début ni de fin. Le sens se construit à partir des sensations. Voilà ce qui nous apparaît comme participant d’une expérience esthétique et ce qui fait que les arts plastiques sont ce qu’ils sont. On peut dire qu’avec Jean-Philippe Roy, "on se sent en train de faire l’expérience de voir". Mais encore, comme l’écrit Roy, la sculpture met en évidence la tension entre le présent de notre expérience et "le passé (culturel, personnel) qu’elle évoque virtuellement". Plus généralement encore, on peut dire qu’avec cet ensemble de sculptures, Jean-Philippe Roy parvient à nous faire partager sa fascination pour les tensions entre "l’espace de l’art et l’espace réel".

Jusqu’au 28 mars
À la Galerie Le 36

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Bloc-notes
Les Donneurs
Le thème qu’a choisi l’équipe de la Chambre blanche pour souligner le 25e anniversaire du centre d’artistes prend tout son sens avec le projet de Teresa Cebriàn. Depuis quelques semaines, l’artiste d’origine espagnole a rencontré différentes personnes qui font du bénévolat, surtout de l’aide aux personnes en détresse. Une façon d’entrer en contact profond avec une société! Ces personnes de tous les âges, elle les a interrogées, et c’est le résultat des discussions qu’elle livre dans l’espace d’exposition. Cebriàn nous les présente de différentes façons: des portraits projetés au mur, des bandes sonores relatant des conversations ainsi que des sculptures de cire faites à partir de moulages des mains de chaque bénévole. Ces mains de cire suspendues dans l’espace deviennent aussi, en quelque sorte, les témoins de ce qu’ils ont vu et entendu: autant de fragments qui racontent leurs histoires. Un travail à la fois "personnel et socialement engagé". À voir jusqu’au 4 avril à la Chambre blanche.

Blanc sombre
Seize finissantes et finissants du 2e cycle en arts visuels présentent le résultat de leur recherche dans une exposition collective, à laquelle participe notamment Jean-Philippe Roy, dont nous parlons plus haut. Ils se sont donné comme contrainte de présenter des œuvres où domine le blanc… Une occasion de prendre le pouls de la relève que produit le monde universitaire. Jeudi 18 mars, dès 16 h, à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval.

Serge Clément chez Lacerte
L’inauguration de l’exposition de photographies de l’artiste né à Valleyfield en 1950 a lieu le dimanche 21 mars à compter de 14 h. Serge Clément pratique la photographie d’art depuis 1975. Il présente chez Lacerte une vingtaine de photographies réalisées au cours des 10 dernières années. Sutures se poursuit jusqu’au 16 avril.