Martin Dufrasne et Carl Bouchard : Relation d'affaires
Arts visuels

Martin Dufrasne et Carl Bouchard : Relation d’affaires

Dans leur premier duo à Montréal, MARTIN DUFRASNE et CARL BOUCHARD, le couple artistique de Saguenay, nous parlent des liens qui unissent les êtres. Et comme le chantent Les Rita Mitsouko, Y’a d’la haine

C’est une expo qui traite des rapports amoureux, mais comme me le disait Martin Dufrasne, "cela concerne n’importe quel type de relation". En effet, il n’y a pas que les relations passionnelles qui donnent lieu à des jeux de pouvoir. Les liens d’amitié peuvent eux aussi donner lieu à des dérapages. Amour et haine s’y mélangent parfois. Le bourreau cherche sa victime, qui elle-même cherche son bourreau. Quoiqu’il ne faudrait pas tomber dans le cliché que tous répètent lorsqu’une victime se plaint…

Martin Dufrasne et Carl Bouchard pointent ces sphères plus ambiguës de dépendance affective où aucun des membres du couple ne souhaite totalement se débarrasser de l’autre. Ces situations où, comme Bouchard le dit, "entre le faible et le fort il y a alternance" et où on peut se demander "qui a le pouvoir".

Dufrasne et Bouchard ne s’intéressent pas non plus à "l’aspect fétichiste" de cette réalité. Vous ne retrouverez donc pas de vêtements de cuir, de fouets ou de menottes dans cette expo. Non, juste une sorte de guillotine qui, comme on le voit sur la photo ci-jointe, permettait lors de la performance donnée par les artistes de créer un espace double: d’un côté, les têtes du couple, échangeant mots doux et regards profonds; de l’autre, leurs corps et leurs mains fouillant dans les poches de l’autre. Les relations amoureuses ont un aspect monétaire, une économie pas que libidinale. Une expo riche de significations…

Bouchard et Dufrasne effectueront une ultime performance lors de la clôture de l’expo, le samedi 17 avril de midi à 15 h.

Traits de personnalité
Toujours chez Clark, dans la petite salle, l’installation en duo d’Eric Simon et Paul P. est un face-à-face à prendre au pied de la lettre. Tous deux travaillent sur des portraits réalisés au crayon et nous livrent en gros plan des visages d’hommes.

J’avais vu au printemps 2002, à la Galerie Paul Petro à Toronto, une très bonne expo des dessins de Paul P.: des visages de jeunes gars, tous faits dans des tons rosés presque rouges, empourprés est le mot exact, d’un rouge faisant penser à l’incarnat des organes génitaux en état d’excitation. Comme si le visage lui-même, en rougissant, trahissait le désir. Cette série est ici plus tranquille. Mais elle traite encore du visage comme possesseur d’une énergie sexuelle. Elle nous donne à voir les traits de vedettes de la porno dans les années 70 et 80. Une interrogation sur le pulsionnel que recèlent ces visages.

Eric Simon, quant à lui, réalise régulièrement depuis 1982 son autoportrait. Voilà qui n’a rien de bien original, mais c’est tout de même réussi. Il y a, là encore, un constant vacillement entre le visage comme masque et le visage comme expression de l’intériorité.

Jusqu’au 17 avril
À la Galerie Clark
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