L’Église endimanchée : Quatre épingles!
Les églises se vident de plus de plus, tellement que certaines ont dû fermer leurs portes. Heureusement, leurs trésors ne sont pas partis en fumée. Le Musée des religions de Nicolet le prouve bien avec L’Église endimanchée, sa nouvelle exposition réunissant les plus beaux vêtements d’apparat associés aux rites de la religion catholique de sa collection privée.
Vu son entrée en poste tardive, Isabelle Cadieux, chargée de projet au Musée des religions, n’a eu droit qu’à quelques mois pour mettre sur pied l’exposition L’Église endimanchée. Cependant, il n’en paraît rien. En sortant de la "garde-robe" les vêtements religieux portés entre 1850 et 1950 lors des rites et des célébrations de la foi, la jeune femme a créé un univers magnifique où, étonnamment, le luxe et la religion ne font qu’un.
Des chasubles brodées au fil d’or, des chapes, des surplis et quelques autres pièces de collection s’alignent dans la petite salle colorée. Tous ont été confectionnés avant les années 1960, soit avant le deuxième concile du Vatican. Isabelle explique qu’à la suite de ce dernier, la tenue vestimentaire des religieux a complètement été revue. Comme l’Église avait fait vœu de pauvreté, elle a donc adopté la simplicité et relégué aux oubliettes les habits un peu trop fastes. Cela explique l’intérêt de les remettre en "circulation".
La sélection des pièces s’est révélée plutôt ardue, soutient la responsable de l’exposition, qui a dû faire des choix déchirants. C’est d’ailleurs un peu pour cette raison que la brunette a privilégié cette thématique: "On a beaucoup de vêtements dans nos collections, mais, ici, on n’avait jamais présenté une exposition qui leur était entièrement dédiée." La plupart des articles de L’Église endimanchée ont été donnés par la congrégation du Très-Saint-Sacrement de Montréal. De véritables œuvres d’art. "Certaines chasubles ont été faites à la main, dont une qui provient de chez les Ursulines de Québec et qui a demandé cinq ans de travail à trois sœurs pour sa restauration", raconte-t-elle. Des robes de baptême, des bannières utilisées au moment des processions, des accessoires tels que des sandales viennent par ailleurs compléter l’événement.
Une des faiblesses de l’exposition s’avère le manque d’information sur les pièces. Isabelle Cadieux souligne à ce propos que la majorité des acquisitions du Musée consistent en des legs de particuliers, qui connaissent rarement le passé des objets. Ainsi, retracer leur histoire demanderait des sommes d’argent incroyables. L’objectif de L’Église endimanchée n’est donc pas de devenir une mine de renseignements sur les habits religieux des siècles derniers. "Le but, c’est de montrer nos beaux vêtements de collection, de réveiller un passé endormi. On veut rappeler à l’un de beaux souvenirs et faire découvrir des choses à l’autre", conclut la chargée de projet.
Jusqu’au 30 janvier 2005
Au Musée des religions
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