"Je fais de l’art pauvre. Je gratte ma vieille guitare. J’écris des poèmes…" Pierre Hamelin pratique une sorte de simplicité volontaire en matière de pratique artistique, tant à l’égard des matériaux que des procédés. Il n’est pas le seul, ni le premier à le faire, mais il y a chez lui une attention singulière dans l’articulation des objets entre eux. Chaque groupe s’apparente à une phrase, au destin cependant non identifié. Il y a peu de transformation de la matière, mais une volonté de justesse et un souci du détail. Un long travail d’observation et d’introspection aussi: "La plupart du temps, j’ai les deux bras croisés, assis derrière mon bureau!" Sans blague. Elle ravit, l’audace de Pierre Hamelin à commenter à coup de déclarations juteuses sa conception de l’art. Sa méfiance de tous les discours sur sa proposition nous défend d’en stigmatiser le sens. Enfin, il est surtout à craindre – faut-il le préciser – que cette exposition ne fasse point l’unanimité…
Pierre Hamelin pratique la cueillette et l’assemblage depuis 17 ans. Son approche demeure assez marginale. Il défendra, au passage, le côté populaire de son travail de sculpture, parce que tout le monde peut en faire… Pas de performance technique ici. Mais suffit-il de trouver et de choisir? "On n’est pas obligé de décorer nos maisons comme dans les téléromans!" lance Hamelin. Le ton est donné par celui qui avait fait une des meilleures interventions lors de l’événement Latinos del Morte à Mexico au printemps 2001. Hamelin peut parler de tout? Même du beau? Pour lui, le plaisir esthétique est comme la libido et la nourriture: une nécessité. Mais on s’entend, pas question de montrer de "beaux objets". "La beauté, c’est dans le regard", dira-t-il encore. Rien de plus incontestable lorsqu’on se retrouve devant une bête empaillée ou un soulier abandonné. Quoi qu’il en soit, il ne s’agit pas ici de reproduire les valeurs dominantes: "Amène-moi une belle fille pis un Kodak, je vais te montrer qu’elle n’est pas toujours belle." Et ça recommence…
Jusqu’au 18 avril
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Bloc-notes
Ivon Bellavance à la Galerie  Trompe-l’œil
  Sa dernière exposition chez Materia était mémorable. Bellavance  récidive avec Alliance 1, une installation textile qui  défie les catégories et les genres. C’est la première d’une  trilogie sur les lieux sacrés nomades, qui prend ici la forme  d’une tente dans laquelle on peut déambuler. Le travail de  Bellavance est toujours aussi poétique et intelligible. Et  cela, même si on n’a pas en main tous les détails qui  suivent…. Après avoir filmé 36 individus en les interrogeant  sur leur vie spirituelle (Bellavance fait actuellement des  études en théologie), il a utilisé les rubans comme des fils et  des traits formant maintenant des figures plastifiées. Ce sont  ces profils qui composent le temple aux confins duquel trône un  autel… "Alors que le ruban est utilisé en vidéo beaucoup pour  le voyeurisme, je l’utilise comme matière première pour  redonner de la pudeur aux gens…" Devant ce nouvel objet, on  pressent bel et bien la quête qui le sous-tend… Remarquable.  À voir, jusqu’au 13 avril prochain.
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20e d’Estampe Plus
  Pour souligner le 20e anniversaire de sa galerie, Claire R.  Morin a invité une quarantaine d’artistes qui ont tour à tour  exposé en solo depuis la fondation. Chacun y présente un  échantillon de ce qu’il fait de mieux. Dans le genre, il y a de  la très bonne peinture. Des œuvres de Kittie Bruneau, Dominic  Besner et Danielle Rochon; des pièces de plusieurs artistes qui  ont entamé leur carrière à la galerie, dont Nathalie Maranda;  de grands noms, tels René Derouin ou Bonnie Baxer. C’est  également le 20e anniversaire du Répertoire des galeries  d’art de Québec, publié deux fois l’an et fondé par Claire  R. Morin ainsi que par la galeriste Linda Verge.