Ils : Les boys
Qu’est-ce que la masculinité? Comment est-elle représentée en art contemporain? Une expo nous fait explorer quelques-unes de ses facettes.
Roger Bellemare a monté dans sa galerie «une exposition de gars». C’est lui qui l’explique ainsi. Mais ne vous attendez pas à une de ces énièmes revalorisations de la masculinité que certains ont voulu brandir en réaction au féminisme et à la prétendue castration du mâle moderne. Bellemare a souhaité montrer des «personnalités isolées, des marginaux» qui questionnent les représentations conventionnelles du masculin. Cela s’intitule Ils, et Bellemare a choisi ce titre, avec ses résonances phonétiques, pour exprimer comment ces hommes sont les insulaires d’un archipel artistique et intellectuel bien particulier.
Une expo qui parle de bien des symboles du masculin. Même le Christ y est présent avec une toile fabuleuse de Richard Purdy (où il est entouré d’individus tous crucifiés, seul lui, le fils de Dieu, étant sauvé.). Un dessin de Cocteau, où est inscrit Celui-là est vrai, traite à la fois de l’authenticité en art et de l’authenticité comme valeur du masculin. Nous connaissons bien comment la publicité a souvent récupéré cette notion du «vrai gars». Sur un autre mur, c’est le chapeau de Joseph Beuys qui est questionné. Une photo de Beuys, montré sans chapeau, ce qui est rare, jouxte cette image que Gabor Szilasi a réalisée il y a quelques mois pour Les Impatients (centre d’expression et d’interprétation de l’art thérapeutique et de l’art brut), montrant un homme, Conrad, exhibant son couvre-chef au bout de son poing. Ainsi, malgré ce que l’on croit, la masculinité a ses codes bien précis, aussi précis et construits que ceux de la féminité. Le chapeau autrefois, la casquette de base-ball de nos jours, en sont les éléments les plus apparents. L’authenticité du mâle dépend tout de même de signes d’appartenance à sa mâlitude.
Bellemare a monté une expo où les œuvres se font écho avec justesse et où le galeriste montre pour plusieurs d’entre elles des pièces moins connues. Ainsi en est-il de cette lithographie de la Walking Woman de Michael Snow, où l’artiste réalise un autoportrait en érection. Nous les mâles sommes parfois (gaminement) fiers de nos appendices.
Jusqu’au 10 avril
À la Galerie Roger Bellemare
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