Les bois flottés de Serge Murphy : Fantasia
Arts visuels

Les bois flottés de Serge Murphy : Fantasia

Rien n’est caché dans les assemblages de bois trouvés de SERGE MURHY; en repérer la mécanique est quasi élémentaire. En vain, on cherche à les définir. Mais une évidence s’impose: ces choses ne ressemblent à rien d’autre qu’à de la sculpture.

Serge Murphy ne se lasse pas de faire et de refaire ces assemblages poétiques, multipliant les excroissances où sont mis en scène différents bouts de bois et un nombre indéfini d’objets quotidiens, parsemés çà et là de coulisses de peinture venant mettre un terme à ces délibérations. Cette sculpture est le produit d’un joyeux désordre et d’une haute voltige. Paradoxal, il l’est, cet univers d’un "faible niveau de technicité". Ces montages apparemment bancals se révèleront en effet davantage raffinés qu’on pourrait le croire a priori. "Technique rudimentaire, gaucherie expressive. C’est en quelque sorte la signature Murphy qu’on retrouve d’une œuvre à l’autre", comme l’écrit France Gascon pour l’exposition Tohu-bohu, parcours de son travail depuis la fin des années 80 jusqu’à aujourd’hui, présentée au Musée de Joliette en 2003. Lui reprocher de faire toujours plus ou moins la même chose? Nenni. Cette désarticulation délibérée de ce qui s’apparente à un inventaire du quotidien est toujours porteuse d’une incontestable irrévérence face aux conceptions les plus communes de l’art et surtout, son impact poétique reste indéniable.

"Je mets plusieurs riens ensemble en espérant que ça devienne quelque chose en bout de ligne…" Ces sculptures sont des œuvres ouvertes faites à grands coups d’intuition. Elles se démarquent par la façon unique qu’elles ont de ne rien cacher. On peut presque les recréer et refaire chaque geste de l’artiste. Tout est là, devant nous, donné. Mais, ce n’est pas tout. Il se crée une tension, pour paraphraser le sculpteur, entre le n’importe quoi et son contraire, "entre la nature même des éléments". La sculpture de Murphy est à la fois héritière du formalisme et "perméable à une irruption du quotidien et de l’intime", pour citer encore France Gascon.

Murphy expose sa douzaine de sculptures pour souligner le 25e anniversaire de la Chambre blanche dont il est l’un des fondateurs. Le don, thème de l’anniversaire, s’incarne ainsi dans le travail de l’artiste: "Je donne mon temps et je travaille avec des choses trouvées ou données. En principe, je n’achète rien et je ne participe pas à quelque chose de consumériste." Que retient-on de cette expérience? Pour Murphy lui-même, ces sculptures "apparaissent sur le sol comme autant d’épaves étranges ou points de repère flottants sur la mer de nos âmes". Leur bravade et leur démesure font d’abord sourire. Puis, c’est un regard sur la vie quotidienne, sa dérision et son impossibilité, son instabilité et ses incertitudes qui semble en jeu ici. Ces sculptures n’en sont pourtant pas le miroir, mais s’envisagent davantage comme des alliées, telle une forêt d’alter ego.

Jusqu’au 9 mai 2004
À la Chambre blanche

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Bloc-notes
Maurice Savoie. Un parcours alchimique
Pour qui s’intéresse à une céramique dont la finalité double l’utilitaire, l’hommage au céramiste québécois concocté par Lisanne Nadeau pour Materia est des plus pertinents. Faites d’une pierre, deux coups: le lancement du catalogue d’exposition et une présentation publique de l’artiste ont lieu le jeudi 15 avril à 18 h. L’exposition se poursuit jusqu’au 23 mai.