Petites pièces grands espaces : Microcosmos
À la Galerie Occurrence, une dizaine d’artistes mexicains nous invitent à une expo en forme de chasse au trésor.
Non, la Galerie Occurrence n’est pas vide. Il faut parfois se baisser, lever la tête pour trouver les œuvres, souvent minuscules, se laisser surprendre par elles au détour d’une colonne, mais chaque fois vous renouerez avec l’émerveillement de l’enfance. Les artistes modernes, qui valorisaient le pouvoir créateur des tout-petits, seraient contents. Le commissaire mexicain Leonardo Ramirez a conçu une expo sous le signe du minimalisme, celui des années 60-70, mais aussi et surtout celui qui permet une esthétique du presque rien merveilleux. Une approche que bien des artistes québécois, tel Jérôme Fortin, ont eux aussi su développer.
Toutes les pièces ne sont pas réussies. Certaines, comme ce capuchon de stylo-bille dans un mur (pièce de Fernando Paloma), me semblent bien minces. D’autres, malgré leur petite taille, se révèlent de grandes trouvailles.
Cela commence dans le couloir menant à la galerie par l’intervention de Lorena Peña. Intitulée Sortie de secours, elle consiste en une minuscule porte qui fait penser à celle du film Being John Malkovich. Et puis, la pièce de Francisco Ugarte, cube de verre installé dans l’encoignure avec le plafond, est comme un résumé de l’art moderne. C’est un hybride de Condensation Cube de Hans Haacke et de l’accrochage en coin que Malevitch reprit aux icônes orthodoxes pour montrer son Carré noir sur fond blanc lors de son expo 0,10 en 1915.
Mais c’est sans nul doute Mario Mendez qui vole la vedette. Ses minuscules sculptures Mimesis – Échelle – Proportion sont percutantes. De tout petits personnages (moins de un centimètre), accrochés à des bouts de ficelle ou par une punaise fixée dans le mur, portent de petites pancartes sur lesquelles il faut presque se coller le nez pour arriver à lire leur message: "Secourez notre famille", "Sauvez-nous", "S’il vous plaît"… Un commentaire sur le poids des manifestants et de leurs revendications, sur la place des petits dans nos sociétés. À l’instar d’un film pour enfants bien connu, cette œuvre de Mendez pourrait s’appeler "Chérie, j’ai réduit la démocratie!" (avec Jean Charest dans le rôle principal?). Un sujet bien actuel. Une démonstration très efficace.
Jusqu’au 5 juin
À l’Espace d’art et d’essai Occurrence
Expo-encan
Le 10 mai, à 19 h, aura lieu un encan-bénéfice au profit de l’Écomusée du fier monde, lieu dédié à l’histoire industrielle et ouvrière de Montréal. Les intéressés peuvent déjà examiner les œuvres exposées sur place. On y verra une acrylique d’Armand Vaillancourt, une lithographie de Jean-Paul Riopelle, une sculpture de François Bourdeau, une huile du frère Jérôme, une photo d’Allen B. Stone… 2050, rue Amherst. Info: (514) 528-8444.