Bois : Toucher du bois
Arts visuels

Bois : Toucher du bois

Un des plus beaux lieux tout désignés pour les expositions estivales, la Maison Hamel-Bruneau présente jusqu’au 22 août un événement d’arts visuels. Bois propose un regard personnel sur l’histoire récente de l’art.

L’événement a le mérite de proposer dans une même exposition un choix véritablement hétéroclite d’artistes ayant différents rapports avec ce matériau. Tantôt sculpté, tantôt assemblé, le bois devient support de l’œuvre; parfois il en est le sujet. Sa figure, inépuisable, est changeante. Lucie Fortin, artiste et commissaire, a procédé à une sélection de pièces à partir de coups de cœur et de critères qui ont une seule prétention: ce sont des choix qui "valorisent l’intériorité et le regard personnel". Cela se perçoit d’emblée; pour Lucie Fortin, "c’est comme si la Maison Hamel-Bruneau devenait un médium". On en ressort avec une couleur en tête, résultat des liens poétiques entre les œuvres et l’espace. Ainsi se retrouvent dans une même salle un bois brûlé de 1964 d’Armand Vaillancourt et une œuvre récente de Gabriel Routhier, un cercle de néon sur un bois blanc sculpté. L’une et l’autre sont superbes. La cohabitation de ces deux pièces vaut-elle à elle seule l’exposition? Non, parce qu’il y en a d’autres. Le petit tableau de Serge Lemoyne de 1998 rivalise avec le Gyrocompas de Sylvain Bouthillette, un étrange et imposant lièvre de bois tournoyant sur lui-même. Cela sans compter les trois sculptures de Michel Saulnier, Marcel Jean et Alexandre David. L’étrange assemblage de Saulnier est à la fois ludique et audacieux. La sculpture peinte de Marcel Jean de 1992-1993 et le volume de contre-plaqué d’Alexandre David narguent l’environnement "XIXe" du cottage anglais.

Cette exposition permet d’envisager différentes utilisations du bois, mais elle trace aussi des liens féconds entre le passé et le présent, dépassant en effet "toutes directions folkloriques". Que ce soit une petite statue anonyme de sainte Geneviève réalisée en 1876 ou une sculpture des années 90 de Gilles Mihalcean, un bras sculpté de Louis Jobin (1845-1928) ou une projection vidéo de Jean-François Côté, ces œuvres permettent de traverser le temps avec une facilité étonnante. Même si plusieurs des pièces sont connues ou ont été exposées récemment, qu’on pense aux photographies de Giorgia Volpe, à celles d’Isabelle Hayeur ou à la pièce de Jean-Philippe Roy. Même si la sculpture de Mireille Lavoie aurait mérité qu’on puisse en faire le tour, cet ensemble permettra en outre à un public moins familier d’apprivoiser l’art actuel. À surveiller: les activités périphériques de l’exposition, dont la conférence d’Hubert Reeves L’Homme et le bois, le 15 mai à 14 h, et des interventions de l’architecte et artiste Pierre Thibault les 21 juin et 21 août.

Jusqu’au 22 août
À la Maison Hamel-Bruneau

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Bloc-notes
Alexandre David chez Esthésio
Alexandre David, qui présente à la Maison Hamel-Bruneau une des belles pièces de l’exposition, propose simultanément, et cela jusqu’au 23 mai, une série de photographies de dessins. Devant ces œuvres qui résultent de mises en scène liant éclairage et autres stratégies de studio, notre pensée oscille entre le "dessin vu et le dessin photographié". Des aperçus d’appartements inhabités très sobres s’inscrivent dans l’esprit rigoureux qui règle la production du sculpteur.

Fragments au Studio d’essai de Méduse
Dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec, Recto-Verso présente une installation scénographique visuelle et sonore de Caroline Ross en collaboration avec Émile Morin et Éric Gagnon, créateurs prolifiques. Un écran réflecteur et un système sonore de diffusion de pointe produiront une mosaïque d’images, le tout doublé d’un texte lu de Samuel Beckett. Jusqu’au 23 mai.