Pavel Pavlov et Catherine Sylvain : Première station
Arts visuels

Pavel Pavlov et Catherine Sylvain : Première station

La photographie prend comme jamais différents visages. En témoignent chez Vu PAVEL PAVLOV, qui s’inscrit dans la tradition conceptuelle avec une éloquence exceptionnelle, et CATHERINE SYLVAIN, qui surfe sur la vague ludique avec ses collages numériques.

Les propositions du Montréalais Pavel Pavlov dans Paysages construits sont solides. La technique est minutieuse et impeccable. Le contenu, substantiel. Il s’agit d’un important travail de cadrage, de prise de vue et, comme l’indique le titre, de construction de paysages. Chez Vu, Pavlov présente quatre projets, dont Parking Lots, une série de photographies de stationnements vides. Tournant autour de lampadaires numérotés servant à identifier les espaces de stationnement, chaque série (de 1 à 36) élabore une topographie des parkings, faisant un tour des quatre faces des lampadaires… Présentées comme un prototype de livre d’artistes, les séries de photographies aux cadrages identiques conduisent au cœur de ces non-lieux de la "surmodernité", elles documentent ces "espaces d’anonymat" que sont les parkings. Sans les décrier nécessairement toutefois. Suzanne Paquet écrit à propos de cette série de panoramas: "Il faut bien s’y faire, c’est le perpétuel mouvement automobile qui désormais modèle (et module) notre espace." On se surprend – on y est invité d’ailleurs – à apprécier les rouges des enseignes de Zellers ou les jaunes des lignes tracées sur l’asphalte… Esthétisation du vide ou de l’anodin? Plutôt un regard rigoureux qui stimule avant tout notre capacité à envisager les possibilités de la photographie; à percevoir ce qui nous entoure. Paysages avec cabanes II fait preuve de la même attention, avec une égale rigueur. Des petites cabanes vertes et rouges de l’île Sainte-Hélène servent de sujets. Mais on n’en dit pas plus. Pavel Pavlov a une approche de la photographie (très sérieuse) qui contraste avec un ludisme et une certaine frivolité (!) davantage répandus dans les jeunes productions actuelles. Enfin, ces photographies demandent du temps. Mais surtout, à l’instar des deux projets vidéo de Pavlov aussi présentés chez Vu, leur sens ne s’épuisera pas rapidement.

Très différent de celui de Pavel Pavlov, le projet de Catherine Sylvain n’en est pas moins pertinent. L’exposition Réalités subjectives est le résultat de la dernière des six résidences de jeunes artistes chez Vu. Une des plus intéressantes d’ailleurs, réalisée par cette artiste qui travaille les rapports entre la sculpture et le corps. Tête enfouie dans une structure de textile blanc, jupe géante en guise de sculpture portable, Catherine Sylvain envisage la sculpture comme des excroissances du corps. Une problématique qu’elle explore également dans le collage de dessins et de photographies. On s’amuse de ces situations loufoques où des pelles mécaniques (dessinées) passent sur des corps (photographiés), autant de possibilités qu’offre l’univers de la fiction. Ces collages sont sans contredit le produit d’un imaginaire fertile. On est en pleine exploration ludique ici, avec une esthétique qui permet d’assimiler facilement ces images. Accessible.

Jusqu’au 6 juin
Chez Vu
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Bloc-notes
Maurice Savoie. Un parcours alchimique
Plus que quelques jours pour voir les céramiques d’art d’un des plus grands céramistes québécois. Les œuvres de Savoie forment un étonnant bestiaire. Prenez quelques minutes pour voir le documentaire où l’artiste parle de son travail. À voir absolument, chez Materia, jusqu’au 23 mai.