Espace VOX : Éveiller les soupçons
Arts visuels

Espace VOX : Éveiller les soupçons

L’Espace VOX a quitté ses locaux du Marché Bonsecours et change de mission. D’espace dédié uniquement à la photographie, il devient un "centre de l’image contemporaine". Que nous réservent ce nouveau lieu et cette nouvelle approche?

Exposition un peu décevante pour la réouverture de l’Espace VOX, boulevard Saint-Laurent. Pourtant, tous les ingrédients étaient là: une commissaire expérimentée (Marie Fraser, qui a monté le remarquable événement Le Ludique au Musée du Québec en 2001), un sujet prometteur (la notion d’éveil pour parler de la capacité de l’art à nous éblouir et à nous aider "à percevoir la réalité autrement"), un artiste de renommée nationale et presque internationale (le Canadien d’origine Mark Lewis, qui vit et travaille maintenant à Londres), accompagné d’une artiste en pleine ascension (Isabelle Hayeur) et d’une artiste peu connue mais prometteuse (Mary Kunuk). Alors pourquoi le soufflé ne monte-t-il qu’à moitié?

Les vidéos de Lewis me semblent les plus décevants par leur manque de contenu. Pourtant, l’artiste a réalisé par le passé des pièces importantes. Lors du Mois de la photo 2001, les spectateurs montréalais avaient pu voir deux œuvres intéressantes qui interrogeaient le cinéma, sa capacité à raconter une histoire sans qu’il y ait de réel récit. Mais cette fois-ci, le visiteur reste sur sa faim. Deux vidéos (tournés au parc Algonquin), présentés sur grand écran, tentent de renouer avec les grandes peintures de paysages du 19e siècle. Mais cela ressemble vite à une vignette publicitaire pour Patrimoine Canada, en particulier Algonguin Park, September, vidéo où une brume automnale évanescente laisse entrevoir un canot et deux rameurs qui traversent l’écran… Avec ses lieux communs, le paysage est un genre miné. Lewis nous convie-t-il simplement à prendre conscience de la beauté de la nature? Un peu mince, vraiment.

Les photos d’Isabelle Hayeur me semblent rendre mieux compte de la réalité de nos paysages contemporains. À travers des images trafiquées, étroits panoramas, Hayeur nous montre comment nos espaces actuels sont d’étranges collages de lieux hétéroclites. De nos jours, dans nos paysages, on passe facilement du béton à la verdure, de la route à la dune de sable. Chaque fois, Hayeur semble nous montrer comment l’espace naturel est grignoté par la présence humaine. J’aurais aimé voir plus de ses photos, même si le lien avec la notion d’éveil me semble ténu.

Simple, mais bien fait, le vidéo de Mary Kunuk fait partie du collectif inuit Arnait Video Production (atelier vidéo de femmes). Artiste qui vit et travaille à Igloolik au Nunavut, Kunuk nous raconte un rêve d’enfance où la nature joue un rôle important. L’éveil est ici celui d’une enfant réalisant que ce cauchemar qui lui semble bien réel n’est en fait qu’un rêve. L’œuvre la plus riche de sens par rapport au sujet de l’expo.

Jusqu’au 10 juillet
À l’Espace VOX
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La Galerie Christiane Chassay ferme ses portes
Après 18 ans d’existence, la Galerie Christiane Chassay n’est plus. Ouverte en 86, en même temps que les galeries de René Blouin et de Chantal Boulanger, elle a joué un rôle important dans la vie culturelle de Montréal. Christiane Chassay et Gaston St-Pierre auront représenté une belle variété d’artistes: Kim Adams, Sylvie Laliberté, Diane Landry, Daniel Olson… Gaston St-Pierre se consacrera dorénavant à son travail de commissaire.