Fu Ji Tsang : Science naturelle
L’exposition Fleurs et Symboles, de FU JI TSANG, présente des œuvres récentes dans lesquelles ce dernier cherche à saisir l’essence de la nature par une conciliation des traditions orientale et occidentale. Il s’agit de sa première apparition publique au Canada.
Une grande feuille blanche qu’il mouille: le monde d’avant la création. Les notes tintent dans l’espace (est-ce un shamisen?). Il y a des orchidées sur les tables. Bientôt des couleurs sur la feuille. Des arbres, un temple, le ciel. Et la musique. Le peintre peint la musique, il trempe ses brosses dans l’aquarelle et applique par de grands gestes les couleurs et les formes dictées par elle. Moment de grâce, après-midi de concert-performance à la Galerie Richelieu.
Fu Ji Tsang est né en 1958 à Pékin. Il y étudie les beaux-arts avant d’aller à Hong-Kong puis en France étudier les arts décoratifs. D’abord formé à la calligraphie, il développe une fascination pour les couleurs du Sud de la France, les couleurs de Monet et des impressionnistes, qu’il intègre dans le même désir de saisir l’esprit changeant de la nature. Il s’installera d’ailleurs à Nice, où il vit toujours.
Dans la pensée chinoise inspirée du taoïsme, les éléments sont chargés d’âme. Un rocher ou un étang sont des microcosmes en eux-mêmes, à l’image de l’univers dans toute sa complexité. Dans cet esprit où le symbolique imprègne la vision, l’artiste ne peint pas une fleur pour sa beauté, il n’en traduit pas seulement la réalité, mais avant tout sa compréhension: "Avant de peindre un bambou, il faut qu’il pousse d’abord en toi." Les éléments cachent une réalité plus complexe que ce qu’ils donnent à voir, et c’est dans la nature que le souffle vital animant toute chose s’incarne de la façon la plus flamboyante.
Dans les œuvres exposées de Fu Ji Tsang, le blanc du canevas et du papier apparaît entre les touches comme une respiration, comme quelque chose d’encore informulé, en attente. Des aquarelles à la technique impeccable, aux couleurs lumineuses et fondantes ainsi que des lithographies de ses œuvres les plus connues. Si le geste est oriental, la technique, elle, est éminemment occidentale. Dans ses tableaux mixtes, peints à l’encre, à l’aquarelle et à l’acrylique (Illumination, Cèdre au pied des Himalayas, Cascade nocturne), les camaïeux sont plus expressifs, plus puissants; la douceur et la violence des formes et des couleurs évoquent une sensualité à la fois onirique et tactile. La toile peinte pendant la performance du début mai, Impression du Jardin botanique de Montréal, y est également exposée.
L’œuvre absorbe l’idée-paysage, le peintre absorbe la musique, le papier absorbe l’eau et la couleur. L’imaginaire de Fu Ji Tsang est méditatif, empreint de lumière et de poésie.
Jusqu’au 30 mai
À la Galerie d’art événementielle Richelieu