Fernand Toupin : Les aventures de Fernand Toupin
FERNAND TOUPIN aura visité et revisité tout à tour divers champs exploratoires en y incorporant toujours un élément nouveau, complexifiant l’ensemble pourtant épuré.
Ce sera lors d’une exposition à la Librairie Tranquille, au début de 1954, que Fernand Toupin rencontrera Jean-Paul Jérôme, Louis Belzile et Jauran, pseudonyme artistique de Rodolphe de Repentigny. Dès la fin de la même année, ils formeront ensemble le groupe des premiers Plasticiens, pour signer, en 1955, le Manifeste des Plasticiens, manifeste existentialiste écrit par Jauran. Ainsi, Toupin aura toujours cherché, quelle que soit la période, à contenir la complexité de l’existence de l’homme dans l’univers, réduite à l’essentiel. Comme le disait Toupin, "l’ordre et le rythme sont deux grandes réalités qui peuvent nous guider…" Bien que le groupe des Plasticiens ait été bref, de 54 à début 59, il a eu un impact réel, dynamisant de nouveau la peinture québécoise en l’ouvrant sur de nouvelles voies.
En réponse aux automatistes, Toupin, entre autres, s’intéressait davantage à la couleur, aux rythmes de la composition, à la structure et la frontalité de la toile, plutôt que de creuser dans sa propre intériorité pour laisser venir à lui sa psychologie enfouie. Les plasticiens s’intéressaient à la peinture pour elle-même, aux éléments constituant les tableaux, c’est-à-dire à ses formes géométriques et aux couleurs en aplats. Celles-ci possèdent un ordre prédéterminé, un équilibre, enfin, tout pour se différencier, par exemple, d’un Riopelle gestuel, spontané et fougueux.
Un second groupe de Plasticiens nommé "Espace dynamique", formé entre autres de Guido Molinari et de Claude Tousignant, viendra, en 1956, s’ajouter à la scène de l’abstraction géométrique montréalaise, venant du même coup ajouter quelques tensions. Pour ces derniers, la texture qu’ajoutera Toupin dans ses toiles plasticiennes sera perçue comme une hérésie. Toupin justifiera ce changement par sa nécessité d’authenticité, disant: "La recherche plasticienne est valable en soi, mais… elle ne permettait pas de s’épanouir pleinement". En 60, Toupin et Belzile déclareront, à la Galerie libre, leur abandon du plasticisme, De la période du groupe des Plasticiens à son retour à la géométrie à la fin de sa récente carrière venant boucler la boucle, Toupin aura traversé de nombreuses apparences contradictoires. Ces périodes comportent certains airs de famille, des éléments essentiellement communs. Qu’il s’agisse de la Suite d’automne I à X, avec ses épaisseurs de textures colorées ou d’Aire éclatée au petit bleu, purement plasticienne, tout est réfléchi de la même façon, dans les moindres détails. Certaines œuvres, dont Gotterdammerung, arrivent même à faire la synthèse entre la période plasticienne et celle des "hautes pâtes" dans une unité cohérente.
L’heure signalant la fin de l’exposition de Fernand Toupin, présentée à la Galerie Montcalm, sonnera bientôt… À vous d’en saisir les derniers moments…
Jusqu’au 6 juin
À la Galerie Montcalm
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