DooDaa de Sylvain Bouthillette, La maison d’Isabelle : Trajectoire extraterrestre
Il n’y a rien de stable et de certain? Les tableaux, dessins et sérigraphies de SYLVAIN BOUTHILLETTE ne sont pas là pour nous rassurer. Vivre éveillé.
Nathalie Côté
Si d’aventure on peut retrouver dans une même œuvre à la fois des stimulations intellectuelles et esthétiques, on est comblé! C’est un peu ce qui se passe devant le travail de Sylvain Bouthillette. Et puis les artistes ne font pas de publicité: le sens ne se donne pas comme un slogan qu’on aurait vite fait de comprendre afin de passer rapidement à autre chose. "On est dépendants de nos sens, rappelle Sylvain Bouthillette. Pour trouver une intensité, il faut toujours une nouvelle affaire." Depuis six mois, il a réalisé plusieurs tableaux en reprenant la même tête de tigre. Comme Guido Molinari a produit de multiples variations à partir de bandes verticales. "J’ai une tendance au minimalisme que je n’exploite pas", lance Bouthillette. Étrange, mais on l’avait presque deviné… Pourtant ses œuvres pullulent d’images. Et maintenant, pourquoi arrive dans son corpus "le plus grand des félins", après le lapin, le chat, l’écureuil, l’ours, le caribou? Parce que Bouthillette cherche des images qui lui font plaisir. Parce que le tigre est sa posture de kung-fu préférée. Parce qu’avec des animaux, il n’y a pas ce côté narratif qu’engage souvent la représentation humaine. Enfin, il y a surtout l’efficacité plastique du résultat. Et là-dessus, on ne peut qu’être ravi. Le mouvement, la couleur, les compositions, les surfaces noires ponctuées d’étoiles, de traits d’aérosol et d’images percutantes, cette peinture est d’une actualité étonnante qui explique probablement l’engouement actuel pour cet artiste.
Depuis la fin des années 80, Sylvain Bouthillette a eu plusieurs vies. Sa première est celle d’un bassiste dans les groupes Bliss, Roughage et Rhythm Activism. Il reste de cet univers des traces qui ne mentent pas, un petit quelque chose qui donne du cran à sa peinture. Outre l’omniprésence de l’iconographie du tatouage, il y a surtout une plastique franche et sans prétention. On retrouve chez Esthésio les mêmes motivations qui ont précédé la réalisation des œuvres de sa dernière exposition à Québec en 2003 à L’Oil de poisson: destruction/construction de l’ego, quête spirituelle, références au bouddhisme… Le tout rendu dans un éclatement qui ne fixe pas le sens et lui donne un caractère transitoire. L’exposition que Bouthillette présente chez Esthésio est surtout généreuse: "On est tout le temps dans cette dichotomie: on essaie de se faire plaisir et de se dépasser." En complément, il partage ses réflexions récentes par écrit: "Le ridicule, l’impermanence, la confusion, l’instabilité, l’ambiguïté, l’incertitude, l’embarrassant sont tous des formes de libération si nous cessons de croire que la vie est quelque chose de stable et de définissable." C’est lui qui le dit: "Je cherche la fibre universelle." Ce petit frisson, il se pourrait bien qu’il se retrouve aussi dans sa peinture…
Jusqu’au 27 juin
À la Galerie Esthésio
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Bloc-notes
La maison d’Isabelle
Isabelle Laverdière termine la saison à la Chambre blanche. Laverdière a créé un univers de papier blanc, dessiné aux traits de crayon feutre noir dans l’espace. Un lit de papier, des tables, des livres, un ordinateur de carton doré, l’horloge, tout est finement et parfaitement bricolé avec un soin du détail extraordinaire. Les titres de la bibliothèque nous révèlent des secrets. Au hasard, on tire Comment l’amour vient aux hommes, rangé dans le meuble de papier avec d’autres réincarnations de la collection Harlequin. On s’amuse dans cet univers domestique reconstitué, rêvé, dessiné. Puis, la surprise passée, on se demande bien ce qui nous reste en mémoire, pour constater que c’est un inévitable sentiment de fragilité qui se cache dernière ces imitations du monde domestique. Qui a dit que le ludique n’est jamais loin du tragique? Jusqu’au 13 juin, Isabelle Laverdière confectionne des assiettes et autre vaisselle en sucre d’orge. À voir absolument.
Une histoire de l’art du Québec
Le Musée national des beaux-arts publiait récemment un guide de ses collections qui embrasse l’histoire de l’art du XVIIe siècle à nos jours. De Théophile Hamel jusqu’à BGL, l’ouvrage de référence réunit 202 œuvres sur les 24 000 qu’a acquises le Musée depuis les années 1920. Un beau livre qui vient poser un jalon dans l’écriture de notre histoire de l’art.
Ville ancienne/art nouveau
Treize artistes de Québec se rendront bientôt à Cracovie en Pologne pour une série d’activités artistiques au Bunkier Sztuki de Cracovie. Les organisateurs (le Lieu, appuyé par l’Oil de poisson, Vu et la Chambre blanche) accueilleront des artistes polonais en 2005. Invitation à rencontrer le convoi d’artistes de Québec, le 11 juin au Lieu.