Henri Venne : L’autre côté du miroir
À l’occasion de son premier solo dans un musée, l’artiste HENRI VENNE nous parle du pouvoir d’illusion de l’art. Trompe-l’œil en vue.
Durant l’époque moderne, en peinture autant qu’en sculpture, le vernis ou la patine léchés, brillants comme un miroir, une vitre ou de l’argenterie bien nettoyés ont été rejetés comme des signes d’une esthétique bourgeoise proprette. La peinture s’est faite rugueuse, texturée, granuleuse. Certains l’ont mélangée avec du sable. La sculpture a utilisé des matériaux bruts, telles ces plaques d’acier des monumentales interventions de Richard Serra. Depuis quelques années, le fini brillant revient en force, comme par la bande. L’esthétique du papier glacé et du panneau publicitaire est partout, autant sur la scène internationale que québécoise. Par exemple, dernièrement, je vous parlais de l’expo de Patrick Bernatchez, de son esthétique "carrossière" et de ses tableaux où tout n’était que surfaces miroitantes. Est-ce un bien? Certains en profitent en tout cas pour poursuivre une réflexion sur l’art comme trompe-l’œil.
Au Musée d’art contemporain, dans son expo intitulée (D’)après nature, Henri Venne nous invite à plonger dans huit diptyques bleus composés de photographies au fini brillant et d’émail industriel rutilant. Vous croirez y voir des paysages, des ciels ou la surface de l’eau calme d’un lac frais d’été, mais en fait rien de tout cela n’est totalement vrai. Ces paysages ne sont que des reflets lumineux sur des surfaces peintes miroitantes qui fascinent et qui trompent; qui trompent car elles fascinent. L’art a le pouvoir de séduire l’esprit par l’œil. Voilà une démonstration bien faite et bien sentie. Rien d’absolument nouveau, mais Venne nous montre qu’il a un talent certain. Cela frôle peut-être un peu trop à mon goût l’art du design, mais ce jeune artiste de 33 ans contrôle parfaitement le dispositif visuel qu’il exhibe.
Jusqu’au 5 septembre
Au Musée d’art contemporain
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