François Lacasse : Retour vers le futur
Le peintre FRANÇOIS LACASSE est de retour à la Galerie René Blouin. Un art qui joue sur les pouvoirs de la peinture.
Si, au début de ma carrière de critique, il y a une quinzaine d’années, on m’avait dit que la peinture abstraite reviendrait avec autant de force au tournant du 21e siècle, je n’y aurais pas cru. À la fin des années 80, la cause semble entendue: trans-avant-garde italienne, figuration libre française, peinture graffiti de Keith Haring ou Jean-Michel Basquiat, peinture néo-expressionniste de Kiefer, Schnabel, Immendorff dictent un ton figuratif à l’art pictural. Pourtant, de nos jours, l’abstraction a le vent dans les voiles. Sur la scène internationale, bien des artistes en font leur moyen d’expression privilégié ou tout au moins un passage obligatoire (Bernard Frize, Ross Bleckner, Gerhard Richter, Ian Davenport, Markus Döbeli… Même Damien Hirst a eu sa période abstraite). Au Québec, comme l’a montré l’événement Peinture peinture en 98, l’abstraction est aussi très présente même chez de plus jeunes artistes (Stéphane La Rue, Marie-Claude Bouthillier, Carmen Ruschiensky, Martin Bourdeau…).
Parmi cette nouvelle génération, François Lacasse est l’un de nos meilleurs peintres abstraits. Sa rétrospective au Musée d’art contemporain, en 2002, a montré comment, depuis 1997, après une période figurative, son art a pris, pour le mieux, un envol dans cette direction. Les acryliques et encres sur toile qu’il expose ces jours-ci montrent encore une fois comment Lacasse sait allier avec subtilité les effets d’opacité et de transparence.
Sa peinture est doublement riche. Elle est une poursuite de la modernité, c’est-à-dire une réflexion sur la matière picturale et sur ses possibilités expressives (onctuosité de l’acrylique, sensualité de la coulée de peinture, tensions colorées ou, au contraire, harmonie de tons…). Mais sa peinture joue aussi sur le pouvoir presque mimétique de l’art. Ses tableaux évoquent souvent le lait, le miel, l’ambre ou la résine…
Dans cette expo, vous trouverez déclinés tous ces registres avec des œuvres très proches de celles que Lacasse avait montrées il y a un an dans la même galerie. Vous y trouverez aussi des pièces explorant un nouveau registre plus épuré. Et je dois dire que je préfère lorsque Lacasse joue d’une manière plus retenue sur des effets de ton sur ton (Replis II, Spectral II, Dissolution III) que lorsqu’il laisse sa palette exploser dans un maniérisme coloré.
Jusqu’au 26 juin
À la Galerie René Blouin