Mary Anne Barkhouse et Don Gill : La rencontre Barkhouse-Gill
Mis à part l’escalier formant un pont entre les salles d’exposition de la Galerie 101, des liens conceptuels relient deux univers différents, engendrant une réflexion vers d’autres niveaux.
Au rez-de-chaussée, Mary Anne Barkhouse présente Ami des castors, ennemi du mal, une exposition comportant trois installations, Casse-croûte cadeaux fusils, Pétition et Foyer, tandis qu’à l’étage, Don Gill vous propose un road-movie fragmenté intitulé Axe de coïncidence. Chacun traite, différemment, des dépendances que nous entretenons avec les autres, avec la nature et avec les animaux. Un aspect quotidien habite les deux expositions, de même que les notions de passage, de transitoire, de rencontre, de souvenir… Alors que Gill nous présente, un peu comme si nous y étions, les expériences passées de son périple, l’installation de Barkhouse, Casse-croûte cadeaux fusils par exemple, se veut un lieu fixe ouvert au passant.
La relation entre l’animal et l’humain s’avère, dans l’œuvre de Barkhouse, un élément central. Dans Casse-croûte cadeaux fusils, trois modèles de castors en plâtre semblent à vendre, installés sur des socles, tels des souvenirs reposant sur des tablettes fixées au mur de part et d’autre d’une enseigne lumineuse où l’on peut lire l’inscription Gifts Guns Snack Bar, formée en lettres roses. Bien que le castor ait été apprécié dans la traite des fourrures et qu’il soit vendu aujourd’hui sous forme de souvenirs censés contribuer à la mise en valeur du pays auprès des touristes, il n’en reste pas moins, ironiquement, que cet animal est généralement non désiré, considéré comme une source de malheurs mise en travers des activités de l’homme. Ainsi, comme le souligne le commissaire de l’exposition Frank Shebageget: "Barkhouse relève les attitudes négatives entretenues envers ces animaux et explore en détail les associations et stéréotypes que nourrissent les êtres humains à leur égard." Dans Foyer, un loup sculpté dans le bois s’est assoupi devant un foyer, comme s’il s’agissait d’un chien apprivoisé, concept généralement contraire à ses instincts les plus profonds. Un castor, cette fois fait de bois, est assis sur une chaise genre XVIIIe siècle, l’air civilisé, docile et assujetti à notre conception du monde. Symboles de pouvoir, les panaches faits à partir de résine décorant le mur au-dessus du foyer, comme le castor de plâtre, soulignent, entre autres, notre désir de domination et le remplacement destructeur de la nature par l’ersatz.
Au deuxième, des vidéos, un carrousel d’images fixes et une bande sonore racontent simultanément chacun une bribe de récit s’additionnant à des textes, pour reconstituer un ensemble riche et complexifié du voyage de Gill, s’étendant de Lethbridge en Alberta à Mérida au Mexique. La marche occupe, au sein de la pratique de l’artiste, une place semblable à celle que pouvait par exemple lui accorder Nietzsche au regard de la réflexion. Lorsqu’on marche, la pensée valse, le potentiel d’idées et de rencontres de soi avec l’autre augmente, ce qui débouche parfois sur la collaboration et sur des possibilités nouvelles… En somme, la rencontre de Barkhouse et Gill n’est possible qu’à condition que vous fassiez votre bout de chemin pour les rejoindre rue Nepean.
Jusqu’au 31 juilletÀ la Galerie 101
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