Monuments du funambule de Jocelyne Alloucherie : Ombres absolues
Arts visuels

Monuments du funambule de Jocelyne Alloucherie : Ombres absolues

De grandes photographies se mêlant à d’imposantes et blanches sculptures, les Monuments du funambule de JOCELYNE ALLOUCHERIE occupent pendant tout l’été les plus beaux espaces d’exposition de Québec. Incontournable.

Heureux projet estival que celui de la Manifestation internationale d’art de Québec, qui présente une importante exposition des œuvres de Jocelyne Alloucherie. Les deux galeries de l’Oil de poisson et les deux espaces de Vu reçoivent les œuvres de la récipiendaire du Prix Paul-Émile-Borduas de 2002. L’organisation de la Manif d’art est responsable de la circulation des expositions que consacre depuis quatre ans la Fondation J. Armand Bombardier aux récipiendaires du prix Borduas, la plus importante distinction en arts visuels au Québec. L’exposition rassemble des photographies, des sculptures et des photo-sculptures de l’artiste originaire de Québec et présente un ensemble important d’œuvres récentes qui permettent d’entrer au cœur du travail de Jocelyne Alloucherie. L’artiste expose depuis 1973 et le prix Borduas l’atteste: son travail est toujours pertinent; son propos, actuel. Cette artiste qui cherche à "trouver des béances dans les villes qui sont à la fois des déchirures et des vertiges" nous invite à reconsidérer celles qui nous entourent. Les photographies numériques affichent une matérialité motivée par une sorte d’exagération du grain qui donne, comme l’explique l’artiste, une "sur-réalité à certaines images". Le plâtre des sculptures, les modules où le sable se love dans les courbes, les photographies de paysages urbains cernées de cadres qui n’en sont pas: tout cela participe à l’affirmation des qualités plastiques des objets, à leur présence. Sobres, élégantes, soignées, ces œuvres sont impeccables. Mais à cela ne se réduit pas leur portée.

"Masses monumentales, images minimales", c’est à ce couple à l’œuvre dans l’art d’Alloucherie que s’intéresse le commissaire de l’événement, Sylvain Campeau, notamment auteur d’essais sur la photographie. Ces formes blanches, ces ombres et ces profils urbains photographiés sont toujours liés de quelque façon à l’architecture et à l’image. L’artiste s’explique: "Je ne me définis pas comme une photographe, mais je travaille l’image. Toute photographie n’est pas image. L’image peut être intérieure sans jamais prendre vie sur un support. Et quand elle prend forme, il faut qu’elle soit assez forte. L’image doit être mythique, c’est-à-dire qu’elle doit être porteuse d’un certain niveau de généralité, qui cache des fonds de mystère." Plusieurs pièces ont été réalisées lors d’un séjour récent dans le Studio du Québec à New York. Escalier de secours et ciels: le cadrage des tirages est le point de vue exact croqué par l’artiste. "Le cadrage est original afin de conserver le rapport de notre propre présence. C’est comme dessiner ou découper sur un fond de réel", renchérit-elle. À l’origine de ces objets, ce n’est pas tant l’idée du paysage qui est en jeu, mais davantage ce qui fait image et comment on peut l’envisager dans une sorte de poésie du lieu. Elle raconte: "On me dit souvent: "Mais où est l’humain dans tout ça?" Je réponds: "Mais c’est vous!"" Comme souvent, la sculpture renvoie à notre propre présence, à une sorte de conscience physique, voire existentielle; celles-là ne font pas exception. Si le courant passe entre l’œuvre et le spectateur, nous sommes en quelque sorte dans un centre du monde où l’on se déplace comme dans une "ville intérieure". Cet ensemble d’œuvres, que certains pourraient trouver a priori un peu austère, invite, à travers des formes évoquant des mobiliers ou des fragments d’architectures, à penser notre place dans l’espace; à considérer les ombres des arbres, les profils des bâtiments qui nous entourent. Là-dessus, Sylvain Campeau cite fort à propos le philosophe Martin Heidegger en épigraphe dans un texte du catalogue: "Habiter est la manière dont les mortels sont sur terre."

Jusqu’au 15 août
Au Complexe Méduse
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Bloc-notes
Espaces gravitationnels
Jean Gaudreau expose ses œuvres récentes à la Galerie François Cimon. Jusqu’au 28 juin, il en présente une quinzaine. Ses tableaux changent: les couleurs sont encore plus franches, les détails se multiplient, avec plus d’exactitude. Sa peinture se précise. Gaudreau, toujours déterminé et aussi passionné, participe également au collectif présentant une trentaine d’œuvres de la collection du Cirque du Soleil à Baie-Saint-Paul dans une exposition soulignant les 20 ans de l’entreprise originaire de Charlevoix. Outre un tableau de Gaudreau, le Cirque a notamment acquis des œuvres de Jean-Paul Riopelle, Armand Vaillancourt, François Morelli, Robert Wolf, Marc Séguin. Une occasion de découvrir un échantillon de cette collection privée. Pendant tout l’été à l’Atelier L’Anse-au-ciel, 267, rang Saint-Antoine.