La sculpture et le vent : Femmes d’aujourd’hui
La sculpture fut longtemps affaire d’hommes, d’érections de bronze et de monuments héroïques faits par des artistes mâles. Bien heureusement, les temps ont changé…
Que l’on ne me dise pas, s’il vous plaît, que les féministes ne sont plus nécessaires, qu’elles ont été trop loin, qu’elles ont castré les hommes ou je ne sais plus quelle autre bêtise! En art et en politique, la question est encore d’une absolue actualité. Peut-on, par exemple, justifier qu’en 2004, dans le cadre d’un débat des chefs (celui en anglais), lors d’une élection fédérale nationale, la seule femme présente ait été reléguée au rôle de modératrice-secrétaire!?! Pourtant, plusieurs veulent enterrer le féminisme. En art, même l’historienne de l’art Linda Nochlin s’en est prise à une certaine approche féministe en discréditant le travail des historiens de l’art qui tentent de réécrire l’histoire et de redécouvrir dans le passé des femmes aussi talentueuses que les hommes. À la différence de Nochlin, je crois à la pertinence d’une telle démarche, qui a permis de très importantes relectures, comme la recréation, à plusieurs siècles de distance, du corpus de l’œuvre de la peintre Artemisia Gentileschi (qui, malgré les livres à son sujet, a fait beaucoup plus qu’être violée par son prof d’art).
Voilà pourquoi je vous invite à aller voir à la Galerie Circa l’expo La sculpture et le vent, entièrement consacrée aux femmes sculpteures du Québec. Montée par Rose-Marie Arbour et Serge Fisette (directeur de la revue Espace), elle permet de faire le point sur un pan important de notre histoire culturelle. Elle est de plus accompagnée d’un livre extrêmement bien documenté, signé par Fisette (aux éditions CDD3D), et d’un vidéo-documentaire que le visiteur pourra voir dans une petite salle de la galerie.
Que l’on ne se méprenne pas, il ne s’agit pas de trouver une qualité féminine à ces sculptures et à la démarche de ces artistes, mais plutôt de mesurer à quel point les femmes ont renégocié l’image très masculine de ce médium pour se faire une place dans le milieu de l’art.
Une expo qui permet de rediscuter du travail de Jocelyne Alloucherie, Francine Larivée, Barbara Steinman, du duo Fleming-Lapointe… Je regrette cependant l’absence de plusieurs artistes marquantes comme Claire Savoie, Diane Landry ou Pamela Landry, qui depuis plusieurs années produisent un art incontournable.
Jusqu’au 31 juillet
Au Centre d’exposition Circa