Marcio Melo : Qui part en Lion finit en mouton
Arts visuels

Marcio Melo : Qui part en Lion finit en mouton

L’art doit-il être beau? "Beau" veut-il dire "gentil" ? Et "gentil" veut-il dire "bien faire avec votre divan"?

Si vous avez répondu oui à toutes ces questions, vous adorerez l’exposition Lune en Lion de Marcio Melo. Mais, il n’en reste pas moins que ce qui n’a d’utilité que d’être beau relève davantage de la décoration que de l’art. D’après la galerie Montcalm, "pour cette exposition, l’artiste puise dans la symbolique astrologique afin d’explorer toute l’influence des planètes au moment de sa naissance tandis que la lune se trouvait sous le signe du Lion". Sensé, le contenu s’avère mince, cédant plutôt au simple plaisir de peindre pour peindre, et non pas seulement le dimanche… Plus de 20 tableaux grand format composent l’exposition, dont un datant de 1999, les autres étant réalisés depuis les deux dernières années. Mais, malgré tous les coups de pinceau, le contenu de l’histoire, en l’occurrence le destin de l’artiste brésilien, est peu présent, sinon carrément absent. Bref, l’œuvre de Melo tente de courtiser l’œil de son spectateur, sans toutefois posséder la capacité de lui titiller l’esprit.

Des scènes hédonistes, paradisiaques et "fleur bleue qui ne fanera jamais" composent les tableaux, où l’homme vit en parfaite harmonie avec les autres, la nature et les animaux… Une nature où il fait toujours beau et où tout le monde est beau – encore faudrait-il s’entendre sur la notion de beauté -, où tout le monde est gentil et tout le monde est content. Peut-être que, comme Marion Tuu’luq, Melo cherche simplement à rendre les gens heureux, ou encore, à faire ressortir, comme André Gide avec Les Nourritures terrestres, le grandiose de la vie, mais, contrairement à eux, son œuvre demeure sans résonance, sans réflexion, sans profondeur, bref, ne démontre aucune pertinence. Il n’y a que le désir de vivre peinard, cédant aux plaisirs insipides, faciles, qui jamais ne s’arrêteront, dans un monde à mi-chemin entre Walt Disney et l’ésotérisme.

Plusieurs des tableaux développent des problématiques propres à la peinture, non résolues, et manifestent des influences, entre autres de Picasso, non assimilées. L’artiste semble incapable, la plupart du temps, d’intégrer les différentes tendances artistiques qu’il utilise, comme le formalisme abstrait, le figuratif, le pointillisme, ou encore d’amalgamer ses personnages peints en rondeurs avec le reste des éléments peints en aplat… Même l’utilisation du motif répétitif, qui habituellement engendre le calme, devient plutôt exaspérant, surchargeant les toiles d’éléments conceptuellement inutiles. Un jeune garçon à la guitare et une jeune fille aux yeux clos reviennent à deux reprises chacun dans trois tableaux différents. La même position des personnages reprise chaque fois, la même composition des formes géométriques composant leurs vêtements, seules les couleurs varient, comme s’il s’agissait de peindre plusieurs fois la page d’un livre à colorier.

L’art n’a pas à être beau, ni gentil, ni conçu pour s’agencer avec nos meubles. L’art rugit, comme un vrai lion, et nous griffe une fois de temps en temps…

Jusqu’au 18 juillet
À la Galerie Montcalm
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