Nelson Henricks : Théories de l’évolution
Satellite, télévision, ordinateur… Les technologies ont-elles tant changé notre monde? Au Musée des beaux-arts, le vidéaste NELSON HENRICKS propose une réflexion sur les rapports entre sens et technologie.
De nos jours, l’ordinateur sert de modèle pour tout. Je vous donne quelques exemples lus dans les journaux… On est précis comme une calculatrice. On est sérieux et productif comme un ordi (!?!). Récemment, à la radio, un médecin expliquait le fonctionnement du cerveau en l’assimilant à un formidable ordinateur (perte de mémoire comprise?). Nos actions au quotidien seraient alors le résultat d’un programme inséré dans notre inconscient. Même l’ancienne chef du NPD, Alexa McDonough, comparait, il y a quelques années, son parti à un ordi laissé ouvert trop longtemps et qui aurait besoin d’être redémarré…
Il fut d’autres époques où c’était l’appareil photo (certains ont soudainement eu une mémoire photographique) ou bien les réseaux de télévision (lorsque McLuhan était à la mode), de téléphones, de satellites ou d’électricité qui généraient les métaphores des capacités de l’être humain et des modèles de représentation du monde.
Voilà le constat très pertinent auquel nous amène l’installation vidéo Satellite de Nelson Henricks. Sous une apparence de légèreté, avec musique techno et, sur deux écrans, un montage vidéo dynamique digne d’un vidéoclip, cette installation se révèle une réflexion intelligente et originale sur la manière d’appréhender le monde, de le voir, de l’écouter, de le sentir… Henricks souligne comment, malgré ce que l’on pourrait croire, personne ne peut appréhender le réel d’une manière pure, sans idées préconçues. Toutes nos sensations sont filtrées par des modèles. Et, de nos jours, ces modèles viennent majoritairement des nouvelles technologies. Même la science, pour vulgariser son propos, mais peut-être aussi pour s’aider à réfléchir, utilise de tels modèles de représentation. Entre autres à partir des archives scientifiques des années 50 et 60, Henricks souligne le type de représentation qui alors dominait. Même le corps humain y était pensé en termes de réseaux de transmission évoquant ceux de la télé.
Une installation qui nous fait prendre conscience que le modèle des ordinateurs sera un jour tout aussi caduc et démodé.
Jusqu’au 17 octobre
Au Musée des beaux-arts
Les futurs classiques?
En dix ans, le Musée des beaux-arts a acquis pas moins de 1200 pièces réalisées après 1960 par des artistes canadiens! Et le MBA nous permet de juger de la pertinence de ses achats ou des dons qu’il a acceptés en nous montrant cet été une quarantaine de ces récentes acquisitions. À les voir, le spectateur en fera un bilan très positif, à une ou deux exceptions près (dont la pièce de Liliana Berezowsky, mais il faut dire que je n’ai guère d’affinités avec son travail).
Vous pourrez y apprécier une sorte de courte rétrospective des plus importantes esthétiques (que l’on ne me parle pas de tendances, comme si l’art était juste une mode!) de la dernière décennie. Ainsi cette salle où le conservateur Stéphane Aquin a réuni plusieurs pièces traitant du retour du quotidien dans l’art contemporain (cette notion a en effet été aussi dominante dans les années 60 et 70). Cette salle est la plus réussie, avec d’importantes pièces de Baier, Guerrera, Paiement, Cameron… Le spectateur pourra aussi y voir la prédominance d’artistes de certaines galeries d’art telles que René Blouin ou Pierre-François Ouellette. Un portrait des esthétiques et du milieu de l’art actuels.
Jusqu’au 10 octobre
Au Musée des beaux-arts
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